En juillet 2007, nous avions écrit sur Numerama que si Universal souhaitait « affaiblir le poids d’Apple sur le marché, le meilleur moyen pour elle serait de proposer l’exclusivité de son offre sans DRM à un autre partenaire qu’Apple« . « Grâce au format MP3, celui-ci serait en effet assuré de pouvoir s’adresser aux 75 % de possesseurs d’iPod parmi les utilisateurs de baladeurs MP3, et donc de vendre davantage de morceaux que s’il était uniquement compatible avec les baladeurs Windows Media« , expliquions-nous. Le conseil a été appliqué à la lettre, au bénéfice d’Amazon.
Alors que la major britannique EMI a accepté la première de supprimer toute protection des fichiers musicaux sur iTunes, ce qui avait permis à Steve Jobs de prédire que sa boutique de musique en ligne serait à 50 % sans DRM d’ici la fin 2007, les trois autres majors ont finalement préféré réserver cette faculté à la plateforme d’Amazon. Warner, Sony BMG et Universal Music ont toutes les trois choisi de laisser Amazon vendre de simples fichiers MP3 non protégés, tout en obligeant Apple à garder son format AAC Fairplay lisible uniquement par iTunes et par les iPod. Tous les consommateurs qui ne voulaient pas des DRM ou qui ne possédaient pas de baladeur Apple se sont donc tournés vers Amazon.
Le résultat s’est fait sentir très vite. Le site de commerce a annoncé qu’il était déjà le numéro 2 sur le marché de la musique en ligne aux Etats-Unis, sans préciser cependant le volume de fichiers MP3 vendus. « Des chansons vendues sans DRM, avec une haute qualité [d’encodage], avec la pochette de l’album, c’est la meilleure façon de faire en sorte que les gens achètent de la musique plutôt que de la voler« , assure Pete Baltaxe, le responsable de la musique numérique chez Amazon. « Les DRM sont une manière de punir les gens qui achètent. Offrir un bon produit à un bon produit est une manière de combattre le piratage« .
Amazon propose 4,5 millions de chansons sans DRM issues du catalogue des quatre majors, tandis qu’Apple peine à réunir 2 millions de titres sans protection grâce au catalogue d’EMI et aux catalogues de nombreux labels indépendants.
Cependant, l’abandon des DRM par les quatre majors aux Etats-Unis ne semble pas avoir eu un effet de levier très important sur le marché. Il ne l’a certainement pas freiné comme le craignaient les maisons de disques à l’époque où elles voyaient en chaque client un pirate qu’il fallait empêcher de pirater, mais l’effet est modéré. Selon Nielsen Soundscan, il se serait vendus 239 millions de fichiers musicaux depuis un an, contre 189 millions l’an dernier à la même période. Ce qui représente une évolution de 26 %, trop modeste pour compenser la chute du marché du disque physique.
La boutique AmazonMP3 pourrait arriver en France dans le courant de l’année.
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