Apple vient d’annoncer qu’aux Etats-Unis, iTunes proposera désormais les films en vidéo à la demande dès le jour où les films sont proposés en DVD dans les magasins. En France, tout est fait pour ne rien faire. Le gouvernement observe en le caressant l’immobilisme des acteurs de l’industrie du cinéma, qui ne veut pas améliorer son offre légale sur Internet avant que la lutte contre le piratage soit accentuée par l’Etat. Ou l’art de prendre un problème à l’envers…

C’est présenté comme un évènement par Steve Jobs. Disons-le immédiatement, c’est surtout une logique implacable et un simple rattrapage sur la réalité. Désormais, aux Etats-Unis, les films seront proposés en vidéo à la demande (VOD) sur iTunes le même jour que leur sortie en DVD. Apple en a fait l’annonce à l’occasion des cinq ans de l’iTunes Store, qui s’est installé en leader incontesté sur le paysage musical, mais peine toujours à trouver sa voie dans la VOD.

A partir de cette semaine, la 20th Century Fox, Walt Disney Studios, Warner Bros., Paramount Pictures, Universal Studios Home Entertainment, Sony Pictures Entertainment, Lionsgate, Image Entertainment et First Look Studios proposeront ainsi leurs films sur iTunes le même jour que leur sortie dans les magasins en DVD et Blu-Ray.

Le prix est fixé à 14,99 dollars pour l’achat d’un long-métrage, ce qui est outrageusement élevé compte tenu de l’absence de boîtier mais de la présence bien réelle de DRM qui empêche d’archiver sereinement le film pour le regarder à nouveau dans quelques années ou pour le prêter à un ami… La location, elle, coûte 3,99 euros.

Sauf la protection des intérêts des distributeurs de produits culturels qui ne voient pas d’un bon oeil la concurrence dématérialisée, rien ne justifiait que la VOD ne bénéficie pas de la même fenêtre commerciale que les DVD. En France, l’accord qui devait permettre de mettre sur un même pied d’égalité les DVD et la VOD est au point mort. Le gouvernement n’a pas tapé du poing sur la table comme il aurait dû, et laisse faire le marché tout en organisant la chasse aux pirates.

Pas de VOD concurrentielle avant la riposte graduée

Dans l’accord Olivennes sur la lutte contre le téléchargement illégal qui prévoit la riposte graduée, les représentants de l’industrie cinématographique se sont engagés à « aligner, à compter du fonctionnement effectif du mécanisme d’avertissement et de sanction, l’ouverture effective de la fenêtre de la vidéo à la demande à l’acte sur celle de la vidéo physique« . C’est-à-dire qu’ils imposent comme préalable que la loi Hadopi soit votée et mise en route pour faire en sorte que l’on puisse acheter enfin les films en VOD sur Internet au moment où ils sortent en DVD dans les magasins.

Or non seulement la loi Hadopi risque fort de ne jamais passer, mais en plus sa mise en application effective risque d’attendre de nombreux mois après le vote éventuel de la loi. Ce qui est assez idiot pour un accord sur la lutte contre le piratage. Quel meilleur moyen en effet de lutter contre le piratage que de proposer au moins l’équivalent légal de l’offre illégale sur Internet ? Les sites de liens BitTorrent n’attendent pas plusieurs semaines après la sortie en DVD pour proposer les films en téléchargement gratuit. Ils ont même en général plusieurs semaines d’avance…

Non seulement il faudrait ramener la fenêtre de la VOD au niveau des DVD, mais il faudrait surtout permettre que la VOD soit proposée bien avant les 6 mois après la sortie en salle imposée par la chronologie des médias. Et il ne faut pas que la lutte contre le piratage soit un préalable. La meilleure lutte contre le piratage est dans l’offre, pas dans la lutte contre la demande.

Apple l’a compris. En ouvrant son service de VOD en France dans les prochaines semaines, la firme de Cupertino pourrait profiter de la présence juridique d’iTunes au Luxembourg pour imposer de la VOD alignée sur les DVD.

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