Certes, en Droit, les demandes sont légitimes. Mais franchement, qui peut encore croire en 2008 que l’on peut empêcher les étudiants de télécharger la musique qu’ils veulent écouter sur les réseaux P2P ? Depuis février 2007, la RIAA envoie en masse des lettres de demandes de « conciliation amiable » (en fait une sorte de chantage appuyé par un site de e-commerce judiciaire) aux étudiants pris en flagrant délit de téléchargement, par l’intermédiaire de leurs universités. Les étudiants ne sont identifiés que par leur adresse IP, et c’est aux services de l’Université d’identifier l’étudiant et de relayer auprès de lui la demande de réparation du préjudice subi par les maisons de disques.
Entre février 2007 et février 2008, la RIAA a envoyé ainsi 5404 lettres de demandes de règlement amiable. Plus de 2300 étudiants ont accepté de payer leur amende sur le site de la RIAA, tandis que 2465 ont refusé, et sont désormais poursuivis devant les tribunaux.
Or il semble que le rythme s’accélère, et les Universités commencent à s’en plaindre. « Normalement on ne reçoit qu’une douzaine [de demandes] par an, maintenant c’est 4 à 6 notifications par semaine« , se plaint ainsi le coordinateur de la sécurité informatique de l’Université de Saint Cloud State, à Ars Technica. Selon The Chronicle of Higher Education, le nombre de plaintes reçues serait monté à 13 dans les deux dernières semaines d’avril, alors qu’auparavant elle recevait une ou deux demandes par mois. L’Université George Washington a reçu 123 demandes la dernière semaine d’avril, contre 4 ou 5 d’ordinaire.
Pour le moment, il n’y a aucun impact visible sur le P2P. Il n’y en a jamais eu quelque soit la méthode employée. Mais le seul résultat direct et immédiat, c’est que les services des Universités sont débordés, et traiter les multiples demandes de la RIAA coûte de plus en plus cher.
La porte-parole de la RIAA Cara Duckworth affirme à Ars Technica que le lobby des maisons de disques n’a pas modifié ses procédures ces dernières semaines. Si e nombre de procédures a bien augmenté, c’est semble-t-il parce que les labels détectent désormais davantage de téléchargements qu’avant. « Nous nous battons constamment pour améliorer notre capacité technique à détecter le vol« , explique Duckworth, sans en dire davantage.
La tactique de la RIAA vise moins à convaincre les étudiants d’arrêter de télécharger qu’à convaincre par l’usure les universités à bloquer purement et simplement tous les réseaux P2P. L’organisation des majors du disque espère ainsi que les Universités fourniront en échange à leurs étudiants des abonnements payants à des services de musique en ligne. Mais actuellement, ni les étudiants ni les Américains dans leur ensemble ne semblent vraiment intéressés par la musique en location…
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