« Nous sommes aujourd’hui dans la même situation qu’il y a cinquante ans pour l’amiante et le tabac. Soit on ne fait rien, et on accepte un risque, soit on admet qu’il y a un faisceau d’arguments scientifiques inquiétants« . Thierry Bouillet, cancérologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny, n’y va pas de main morte pour justifier sa signature à l’appel lancé par 19 scientifiques dans le Journal du Dimanche, pour sensibiliser l’opinion publique sur les risques que pourrait faire courir l’utilisation du téléphone portable sur le cerveau.
S’il reconnaît comme les autres signataires qu’il n’y a pas de preuve scientifique d’un danger certain des ondes pour l’être humain, il ne prend pas les exemples de l’amiante et du tabac par hasard. Dans les deux cas, la passivité des pouvoirs publics s’est révélée fautive au bout de plusieurs décennies. La faute, probablement, à des intérêts contradictoires au sein du gouvernement. Il faut d’un côté encourager le développement économique des télécoms, véritable vecteur de croissance depuis les années 1980. Et de l’autre prévenir les dangers sanitaires sans avoir l’air de craindre de quelconques effets néfastes.
C’est sans doute par cette contradiction que l’on arrive à des effets ubuesques. Alors que le ministère de la Santé avait lui-même prévenu en janvier des effets possiblement néfastes des téléphones mobiles sur les enfants, il s’est empressé de publier hier un communiqué pour rappeler que selon lui, aucune étude scientifique ne démontre de dangers.
Le travail de l’Afsset, l’agence publique qui a réalisé les deux derniers rapports officiels sur le sujet, a été désavoué par ses ministères de tutelle, nous rappelle le Journal du Dimanche. Quatre des dix experts du rapport de 2005 avaient des liens directs ou indirects avec des opérateurs, tandis que des experts du rapport de 2003 avaient plaidé pour le faible danger du mobile dans un supplément publicitaire d’Impact Medecine financé par France Télécom.
Les études tendant à prouver la nocivité des ondes ne manquent pourtant pas. Ceux qui souhaitent approndir le sujet pourront se plonger avec intérêt dans l’énorme travail de recherche et de synthèse publié en janvier 2007 par Celestus sur le forum de Numerama. « Depuis 2003, année dans laquelle les publications scientifiques ont littéralement explosé, ces études n’ont cessées d’augmenter jusqu’à l’orée 2007. Ces études ne s’attachent même plus à savoir si les champs électromagnétiques sont nocifs tant c’est aujourd’hui évident, ces études essayent aujourd’hui de comprendre les mécanismes de cette cancérisation« , concluait-il. « La question n’est donc même plus de savoir si le portable est cancérigène ou non, la question est de savoir comment réformer le système afin d’endiguer une éventuelle catastrophe aussi bien sanitaire qu’économique« .
« Les opérateurs de téléphonie mobile se permettent encore en 2007 de parler » d’un risque éventuel qui n’a pas été prouvé par la communauté scientifique « , un véritable mensonge auprès du consommateur, d’autant plus que ce n’est guère l’avis de leurs compagnies d’assurance qui ont formellement décidé de ne pas les couvrir en cas de procès perdus pour causes sanitaires. »
Les scientifiques signataires de l’appel publient 10 recommandations à suivre pour réduire les risques liés à l’utilisation du téléphone mobile. Le premier, radical, est d’interdire aux enfants de moins de 12 ans l’utilisation du téléphone mobile, sauf cas d’urgence. Il est également recommandé, ce qui n’est pas facile à suivre, d’éviter le plus possible de porter un téléphone mobile sur vous, même en veille.
Et vous, avez-vous confiance dans la sécurité des téléphones mobiles, ou craignez-vous pour votre santé à moyen ou long terme ? Faites-nous part de votre sentiment dans les commentaires.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !