« J’ai demandé une liste, que les managers doivent confirmer. Si [l’employé] est un excellent contributeur, ils peuvent être en télétravail.» Elon Musk a parlé pour la première fois longuement avec les employés de Twitter, le réseau social qu’il souhaite racheter, ce 16 juin 2022.
Au cours de cette séance de questions réponses, il a été interrogé sur la position très tranchée qu’il avait exprimée dans un email interne envoyé aux salariés de Tesla quelques semaines plus tôt. Intitulé « le télétravail n’est plus acceptable », le message demandait explicitement : « Toute personne qui souhaite travailler à distance doit être dans le bureau pour un minimum (et je veux bien dire un « minimum ») de 40 heures par semaine ou quitter Tesla.»
Il laissait à l’époque la voie ouverte à de rares exceptions pour des « contributeurs particulièrement exceptionnels », pour qui Musk validerait « personnellement » le télétravail — et ce, malgré le fait que Tesla compte 110 000 employés. Dans un autre mail, il précisait que « plus vous êtes senior, plus vous devez être là ».
Le ton du mail donnait le sentiment que le milliardaire allait faire preuve d’une grande intransigeance sur la mise en place de ce retour forcé au bureau — à contre-courant avec les décisions de nombreuses entreprises de la tech. Dans l’entretien qu’il a accordé aux employés de Twitter, il s’est montré un peu plus nuancé. « Il faut vraiment que la balance penche en la faveur du travail en présentiel », a-t-il souligné, justifiant que « quand on est en télétravail, l’esprit de corps est réduit, et c’est important d’être présent au bureau de temps en temps. Ce que j’ai dit, c’est que pour ceux qui sont à distance, il faut qu’ils viennent de temps en temps au bureau pour qu’ils puissent a minima reconnaitre leurs collègues. »
Le télétravail est autorisé, mais pas recommandé
La réflexion est loin d’être insensée : de multiples entreprises, bien qu’elles aient adopté le télétravail, s’accordent sur le fait qu’une présence régulière ou ponctuelle au bureau permet de fluidifier le travail et rajouter des rapports humains importants dans la construction d’un projet. C’est plus le ton qu’Elon Musk avait employé dans ses mails internes qui avait beaucoup surpris ses salariés : il y a un monde entre inciter les gens à revenir plus souvent au bureau en expliquant calmement cette décision et menacer sèchement de virer quiconque ne viendrait pas 40 heures par semaine.
« Fondamentalement, si le rendement au travail de quelqu’un est exceptionnel, alors le travail à distance peut fonctionner », a expliqué Musk face à Twitter, qui compte plus de 1 500 personnes en télétravail à plein temps. « Il y a un certain impact sur la communication lorsque l’on travaille à distance. Si vous êtes avec des gens à quelques bureaux seulement de distance, il est très facile de communiquer en temps réel, mais c’est beaucoup plus difficile de le faire si vous êtes en différents lieux physiques. Je tiens donc à souligner que mon parti pris est très favorable au travail en présentiel.»
« Il serait évidemment insensé de licencier quelqu’un s’il est excellent dans ce qu’il fait, mais ne peut travailler qu’à distance, même s’il fait un excellent travail. … Je ne suis définitivement pas pour prendre des décisions irraisonnées. Je suis en faveur des choses qui construisent l’entreprise et la rendent meilleure », a-t-il conclu.
Il n’est pas impossible que la première salve de mails du milliardaire ait été simplement envoyée de manière impulsive, alors que Tesla — et le cours de la bourse en général — connait des moments difficiles. Deux jours après que cette communication interne ait fuité dans la presse, dans une nouvelle note interne, Musk envisageait d’ailleurs la possibilité de renvoyer jusqu’à 10 % de la masse salariale de Tesla, à cause d’un « super mauvais pressentiment » sur l’avenir économique de cette fin d’année.
Il n’empêche qu’un chef d’entreprise « exceptionnel » devrait pouvoir communiquer sa vision avec pédagogie, et non dans la précipitation en faisant virevolter des menaces. Un peu comme sur un certain réseau social, où il est parfois mieux de prendre une grande inspiration et tourner ses mains sept fois dans sa poche avant de tweeter…
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