Nous vous avions raconté mercredi dernier les coulisses de la négociation officieuse intervenue entre l’Elysée et les opérateurs télécoms, pour qu’ils acceptent le principe d’une taxe sur leurs recettes pour financer la suppression de la publicité sur l’audiovisuel public. Nous ne pensions pas, à ce moment-là, que la majorité oserait confirmer sur la place publique ce qui s’apparente à un véritable chantage dont l’otage est, au final, le consommateur.

Marianne raconte ainsi comment Jean-François Copé, tout juste sorti de la remise de son rapport sur la télévision publique au Président de la République, a expliqué ouvertement devant ses partisans et des journalistes pourquoi il ne craignait pas que les opérateurs télécoms refusent d’être soumis à une taxe ou qu’ils la répercutent sur leurs abonnés.

« A mon avis, ils ne toucheront pas à leurs tarifs, sinon on ouvrira une quatrième licence. Ca va les calmer très vite!« , aurait ainsi lâché le président du groupe UMP à l’Assemblée.

La menace est claire. Si les opérateurs télécoms acceptent d’être taxés à hauteur de 0,9 % pour financer la télévision publique, leur ménage à trois sera préservé pour leur permettre de maintenir des tarifs élevé sur le marché. Si en revanche ils se prononcent contre la taxe ou ne l’absorbent pas en diminuant légèrement leur marge bénéficiaire, l’Elysée facilitera l’entrée de Free sur le marché des télécoms, ce qui devrait faire chuter les prix et donc, au final, imputer plus encore sur les bénéfices des opérateurs.

Disons-le simplement, cette attitude est scandaleuse. C’est là la preuve que le gouvernement est parfaitement conscient du manque complet de concurrence sur le marché des télécoms, mais qu’il préfère entretenir la vache à lait numérique pour s’en servir à sa convenance, lorsqu’il en a besoin. Le pouvoir d’achat qu’il faut aller chercher avec les dents ? On verra cela plus tard.

Pire, en retirant de l’espace publicitaire sur les chaînes publiques, le gouvernement pouvait naïvement espérer que les marques réduisent leur budget de communication et baissent mécaniquement leurs prix, ce qui aurait été favorable à une réduction de l’inflation. Mais loin de tenir ce raisonnement qui aurait de toute façon été simpliste (les marques se seraient rabattues vers d’autres médias, en particulier Internet), il a préféré annoncer une modifcation réglementaire qui permettra bientôt aux chaînes privées d’étendre le temps d’antenne qu’ils réservent à la publicité. Les consommateurs continueront donc à payer autant la publicité des produits de marque et ne paieront pas moins cher leurs consommations télécoms, qui prennent une place croissante dans le budget des familles.

Tout cela pour le rayonnement culturel du service public enfin libéré du carcan de l’audience et des pressions des annonceurs ?

Non, tout cela pour favoriser le renforcement des grands groupes de médias, TF1 et M6 en tête.

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