C’est acté : le Z Event 2022 ne se fera pas avec GoodPlanet. Les organisateurs du marathon caritatif ont pris acte du désengagement de la fondation, qui se trouvait au cœur d’une vive controverse depuis le début du mois de juillet. En cause : ses mécènes et ses partenariats, mais aussi son soutien à une méthode d’agriculture controversée, la biodynamie.
Les internautes votent pour les associations du Z Event
Pour remplacer GoodPlanet au Z Event 2022, les organisateurs auraient pu choisir eux-mêmes une autre association environnementale. Mais, sentant probablement le risque d’une autre polémique, l’équipe a préféré se délester de sa responsabilité en demandant au public de choisir lui-même les associations qui recevront les fonds. En tout, il y en aura cinq.
Les internautes peuvent voter depuis dimanche 10 juillet dans le sondage, ouvert jusqu’au mercredi 13 juillet à 14 heures. Le lien du sondage est ici. Dans un message publié sur Twitter, le fondateur du Z Event, Adrien Nougaret, alias Zerator, précise avoir fait une présélection, en choisissant 22 organisations jugées en mesure de gérer des fonds importants.
À titre d’exemple, le Z Event avait permis de récolter en 2021 plus de 10 millions d’euros au profit d’Action contre la faim. Dans le cas où le marathon caritatif de streaming fait aussi bien, cela signifie que chacune des cinq associations repartira avec une enveloppe de 2 millions d’euros. C’est une somme considérable, qui peut avoir un impact considérable à court terme.
À titre d’exemple, l’organisation Sea Shepherd, qui est l’une des structures en lice, a fait savoir qu’un tel montant permet l’achat un bateau dédié à la protection de la vie marine en France et de financer deux ans de missions. Parmi les autres ONG citées figurent WWF, Greenpeace, The Shift Project, Agir pour l’environnement, Les Amis de la Terre et La Ligue pour la Protection des Oiseaux.
« Ne vous précipitez pas sur le sondage pour voter. Vous avez 72h pour vous renseigner, poser des questions aux, consulter leur site, etc. Vous ne trouverez aucune asso qui fait consensus dans cette liste mais c’est en travaillant avec tout le monde qu’on avancera », a prévenu Zerator dans son message d’annonce, avant de se mettre en retrait de Twitter le temps du sondage.
Les critiques contre les associations sont nombreuses
D’ores et déjà, la liste des 22 ONG a fait réagir sur les réseaux sociaux : comme dans le cas de GoodPlanet, des internautes contestent la présence de telle ou telle organisation, en avançant diverses raisons : il peut s’agir soit du passif du fondateur de l’ONG mise en cause, de ses modes d’action pour défendre sa cause ou de son positionnement idéologique.
Par exemple, des organisations ont été pointées du doigt pour leur activisme anti-nucléaire, alors que cette énergie est considérée comme un levier indispensable face au dérèglement climatique — ses émissions de dioxyde de carbone sont presque nulles. En l’espèce, des associations comme Greenpeace, Agir pour l’environnement ou Les Amis de la Terre s’y opposent.
D’autres organisations sont également sur le banc des accusés pour leur proximité avec la biodynamie, cette méthode d’agriculture qui a causé l’éjection de GoodPlanet, ou pour avoir tissé des partenariats avec des structures qui la promeuvent. C’est le cas de Surfrider, l’Association de Protection des Animaux Sauvages (Aspas) ou bien France Nature Environnement.
Il y a également des reproches qui ont émergé quant à la posture contre l’usage des OGM (« organismes génétiquement modifiés ») dans l’agriculture, alors que ses défenseurs la présentent comme un moyen d’adapter les cultures à un changement du climat. Pour Shift Project, ce sont ses évaluations discutables sur l’impact du numérique qui lui sont aujourd’hui renvoyées.
Sea Shepherd aussi a été la cible de commentaires. Ce sont ses méthodes d’action en mer, incluant sabotage et abordage, qui concentrent le plus de critiques. Elles sont qualifiées de radicales et leurs contempteurs les plus vifs les accusent même de piraterie ou d’écoterrorisme. Sans parler de son fondateur, Paul Watson, qui fait aussi face à de lourdes accusations.
À cela, il y a aussi certaines associations qui peuvent cumuler plusieurs positions discutables, comme sur le nucléaire, les OGM ou la biodynamie. Zerator avait d’emblée prévenu « qu’aucune association ne fait consensus » et que cette liste avait été concoctée sans « aucun parti pris », alors que certains esprits se sont échauffés en voyant tel ou tel nom dans la liste.
Sur Twitter, des internautes se sont évertués à faire des fils pour présenter au moins succinctement les associations retenues, comme ce thread-ci ou ce thread-là. Mais cet exercice, utile pour avoir un premier aperçu de qui fait quoi et comment, demeure partiel, en ce qu’il n’offre qu’une photographie incomplète, sans forcément lister et commenter les éventuels points controversés.
D’autres se sont essayés à cet exercice, à l’image de ce message sur Reddit. Il y a aussi un tableauGoogle Doc qui prétend faire le point pour chaque association. Cependant, son contenu est sujet à caution et des éléments erronés ou discutables peuvent se trouver. Enfin, que penser d’une liste qui compte 80 % d’associations anti-nucléaire, alors que le climat est en jeu, comme un internaute l’a noté dans un échange sur Reddit ?
L’exercice d’ouverture démocratique proposé par Zerator avec le Z Event 2022 se retrouve de fait confronté à un problème de militantisme qui n’apparaissait pas de manière aussi criante avec les précédentes éditions. Tout le monde voit midi à sa porte en matière climatique et environnementale et exige une association pure et parfaite, qui épouse parfaitement ses convictions, sous peine d’être éjectée manu militari.
Il reste à voir quelles seront les cinq associations finalement retenues et comment seront accueillis ces résultats — et à quel point cela risque d’affecter le marathon caritatif. On peut toutefois deviner que la prochaine édition du Z Event, en 2023, s’abstiendra de remettre les pieds dans l’associatif écologique et environnemental, pour éviter de se retrouver à nouveau dans la polémique.
(mise à jour de l’article)
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