Travis Kalanick est, avec Garrett Camp, l’un des fondateurs de la plateforme Uber. Si l’on reparle de lui aujourd’hui, ce n’est pas grâce à un nouveau service disruptif, mais justement à cause de son implication passée dans un lobbyisme très actif auprès d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie sous François Hollande. Au cœur de la polémique des Uber files, révélée par le Guardian et un Consortium de journalistes, dont Le Monde et Radio France, ce 10 juillet 2022, se trouvent des milliers de documents impliquant les deux hommes et leur entourage.
Au fait, qui est Travis Kalanick ?
Travis Kalanick est un entrepreneur américain né en 1976. Il s’est surtout illustré en tant que cofondateur et PDG de la société de transport Uber de 2009 et 2017. Homme d’affaires jugé aussi brillant qu’arrogant et mégalo, il sera au cœur de nombreuses controverses pendant sa carrière au sein d’Uber.
Travis a abandonné ses études à l’université de Californie (UCLA) en 1998, pour participer au lancement d’un premier service internet de moteur de recherche et de partage de fichiers nommé Scour. Un service qui a fait faillite deux ans plus tard, acculé par les poursuites judiciaires pour violation de droits d’auteur. Ce qui ne l’empêchera pas l’homme de relancer une autre entreprise de partage de fichiers en peer-to-peer, qu’il revendra 19 millions de dollars en 2007 à Akamai Technology.
Avec cette revente, Travis Kalanick devient un temps Business Angel, avant de s’investir pleinement dans le projet Uber dès 2009.
Les dérives d’Uber et de Kalanick
Les Uber Files sont l’occasion de découvrir comment Travis Kalanick a usé de son influence auprès des autorités françaises pour tenter de faire autoriser son nouveau service UberPop, malgré la fronde des taxis. Ce lobbyisme n’est qu’un exemple parmi d’autres de la manière dont Travis Kalanick manœuvre pour obtenir ce qu’il veut auprès des différents gouvernements des pays où ils souhaitent développer ses services.
Ces leaks permettent également de voir de près la manière donc le CEO s’exprimait : « La violence garantit le succès », a-t-il par exemple assuré, lorsqu’il s’agissait d’envoyer des chauffeurs VTC manifester, au risque de se faire caillasser par des chauffeurs de taxis en colère.
Plusieurs scandales ont finir par éclater en 2017 autour de la culture sexiste et discriminante de l’entreprise, de plaintes de harcèlement, de l’arrogance du patron vis-à-vis des chauffeurs et sur l’utilisation de logiciels espions.
C’est notamment le billet de blog d’une ancienne salariée, Susan Fowler, concernant le sexisme et la discrimination, qui fera plier Uber. Le rapport d’enquête, au sujet des accusations et allégations selon lesquelles Uber encourageait un environnement de travail trop agressif, a abouti à la conclusion qu’il fallait « revoir et réaffecter les responsabilités de Travis Kalanick. »
Fin de règne de Travis Kalanick
Travis Kalanick a démissionné de son poste de directeur général d’Uber en juin 2017, tout en conservant dans un premier temps son siège au conseil d’administration. Il est alors remplacé par Dara Khosrowshahi. L’ancien PDG d’Expedia aura à ce moment-là la lourde charge de redorer le blason de la plateforme suite aux nombreuses accusations (climat sexiste et discriminatoire, vol de technologies…). Il va œuvrer à rétablir la culture d’entreprise d’Uber et d’assainir les relations politiques.
Travis Kalanick a quitté le conseil d’administration d’Uber en 2019.
Que fait-il désormais ?
En 2018, Travis Kalanick a créé une nouvelle structure nommée 10100. Il s’agit d’un fonds de capital-risque discret, qui se concentre sur le commerce électronique et l’immobilier en Chine et en Inde, dans le but de « créer des emplois à grande échelle ».
Son nom avait globalement disparu des radars jusqu’aux révélations récentes du Monde sur les Uber Files. Même si la série « la face cachée d’Uber » (ou « Super Pumped ») diffusée depuis juin 2022 sur MyCanal revient également sur l’histoire d’Uber, et donc sur le parcours et le profil de son patron décidément fort controversé.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !