Les producteurs de télévision du monde entier ont une tradition bien installée de s’emprunter des concepts d’émissions ou de séries TV pour les adapter dans leur marché local. Bien que les idées en elles-mêmes ne puissent pas être protégées au titre du droit d’auteur, ces emprunts font toujours l’objet de négociations financières, pour avoir le droit de reprendre, au delà d’une idée, la façon dont les plans sont montés, le décor ou des éléments du scénario. La plupart des émissions les plus populaires (Koh-Lantah, N’oubliez pas les paroles, Qui veut gagner des millions, …) sont ainsi des formats adaptés dans des dizaines de pays à travers le monde. Et il arrive que les producteurs amériains empruntent eux-mêmes des concepts aux producteurs latino-américains ou européens.
Mais ABC, le studio TV de Disney, veut mettre un frein aux négociations inutiles qui reposent sur une interprétation très stricte de la loi sur le droit d’auteur ou sur de simples coutumes de courtoisie. Dans un mémo adressé en interne, le vice-président exécutif de ABC Studios Howard Davine demande à ses équipes de réfléchir à deux fois avant de signer un accord de licence avec un producteur étranger. « Souvent ce qui est attractif dans un format n’est rien d’autre qu’un principe général, qui, en lui-même, n’est pas une raison de signer une licence de la propriété sous-jacente« , écrit Davine.
En d’autres termes, là où il est possible de « piquer l’idée » et de bricoler autour, il n’y a pas besoin de rémunérer les producteurs étrangers qui ont eu l’idée à la base. Ce qui, en soi, est une interprétation totalement logique du droit d’auteur international. Mais l’industrie culturelle étant ce qu’elle est, le mémo fait scandale chez les studios étrangers, en particulier chez les britanniques qui ont fourni certains des formats les plus populaires aux Etats-Unis, comme Super Nanny, Wife Swap ou Dancing with the Stars. « Scandale » et « vol » sont les mots qui reviennent le plus souvent dans les commentaires.
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