L’enquête est signée Bloomberg. Publiée le 15 août 2022, elle fait froid dans le dos : aux États-Unis, Google Maps affiche régulièrement des centres anti-avortement lors de recherches pour des cliniques où effectuer une IVG. Au mois de juillet, le journal américain a analysé les résultats proposés par Google Maps dans chaque État américain avec la recherche « clinique avortement ». Les 10 premiers résultats ont été collectés et analysés — et dans 13 États, cinq ou plus de ces résultats étaient trompeurs : ils indiquaient des centres anti-IVG.
Les résultats de l’enquête de Bloomberg sont saisissants, mais ils soulignent surtout que Google n’est pas à la hauteur, et ce, alors que le problème est connu depuis 2018 — et que la situation risque de se détériorer.
Un quart des résultats sont trompeurs
Sans surprises, les États dans lesquels le plus de résultats trompeurs s’affichent sont ceux ayant soit banni l’avortement, soit en ayant fortement limité l’accès. Selon les chiffres de Bloomberg, c’est dans l’État du Mississippi que la situation est la plus grave : sur les 10 premiers résultats affichés par Google Maps, 9 étaient des centres anti-IVG.
Il est important de noter que les recherches effectuées dans de nombreux États étaient toutes pertinentes, même dans certains endroits très hostiles à l’IVG, comme au Texas. Cependant, sur un total de 510 résultats, 124 d’entre eux amènent à un centre anti-avortement — soit près d’un quart des résultats.
Les centres anti-IVG, qui se font appeler « centre de crise de grossesse », sont de plus en plus nombreux aux États-Unis, et ils sont généralement gérés par des organisations religieuses. Ils utilisent des termes médicaux et un très bon référencement afin d’attirer des femmes enceintes souhaitant avorter, mais ils ne procèdent pas à des IVG : leur but est de convaincre les patientes d’accoucher malgré tout. Pour cela, indique Bloomberg, les membres de ces centres expliquent que les avortements peuvent augmenter les risques de santé pour les femmes — de fausses informations qui ont été démenties par de très nombreuses études, qui montrent même que c’est l’interdiction de l’IVG qui est dangereuse.
Un problème connu depuis 2018
Depuis le 24 juin et la décision de la Cour suprême américaine de ne plus protéger le droit à l’avortement au niveau fédéral, les États sont libres d’instaurer la législation qu’ils souhaitent. Il est donc totalement interdit dans 10 États, dont certains ont même mis en place des lois punissant les personnes qui aideraient les femmes à obtenir une IVG. Le fait que Google Maps indique dans le top 10 des résultats des centres anti-IVG représente de ce fait un risque supplémentaire pour les femmes souhaitant avorter — et c’est très grave.
Les données recueillies par Bloomberg indiquent pourtant que Google peut faire la différence entre les véritables cliniques et les centres anti-IVG. En 2019, le moteur de recherche demande aux entreprises souhaitant lancer des campagnes publicitaires utilisant des termes liées à l’avortement de certifier qu’elles peuvent bien en effectuer.
Un porte-parole de Google a de plus confirmé auprès de Bloomberg que l’entreprise avait mis en place plusieurs niveaux de vérifications, afin d’assurer que les résultats dans Maps et sur le moteur de recherche étaient de vraies cliniques. Il semblerait ainsi que les protections mises en place ne soient pas assez efficaces.
Le problème est pourtant connu depuis 2018, lorsque Gizmodo était le premier média à avoir révélé que Google Maps indiquait des centres anti-IVG. À l’époque, le moteur de recherche avait déclaré qu’il allait « regarder en détail le problème ». De toute évidence, il a persisté, et il risque même de perdurer : il existe plus de 2500 centres anti-avortement aux États-Unis, contre seulement 800 cliniques pratiquant des IVG.
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