Face à Google, Facebook, Twitter, Apple et les autres poids lourds de la tech aux États-Unis, faut-il ouvrir une « ambassade » dans la Silicon Valley pour représenter les intérêts de l’Union européenne ? Pour Bruxelles, la réponse est oui. Et d’ailleurs, le Vieux Continent opère depuis le 1er septembre 2022 un nouveau bureau de représentation à San Francisco.
Objectif affiché par la Commission européenne : renforcer sa diplomatie numérique en échangeant directement avec les géants du net, afin de faire prévaloir le point de vue et les intérêts de l’UE. C’est dans la Silicon Valley, une région de San Francisco, que se trouve l’épicentre de la tech. eBay, Cisco, Intel, Oracle, Nvidia, Adobe, AMD, Yahoo et HP s’y trouvent aussi, entre autres.
Ce bureau, qui peut être vu comme une sorte d’ambassade, témoigne de la place centrale que le numérique occupe dans la société. Il est aussi le signe que ce domaine est dominé par quelques acteurs incontournables, la plupart américains et qui se trouvent presque tous au même endroit. Les grandes exceptions sont Amazon (Seattle) et Microsoft (Redmond).
La mise en place du bureau n’a pas d’incidence sur les relations qu’a Bruxelles avec Washington, mais celui lui permet d’avoir une présence au « cœur du réacteur ». C’est le signe d’un changement d’époque. D’autres avant avaient saisi la nécessité de se montrer à San Francisco : en 2017, le Danemark a placé un diplomate sur place pour traiter avec ces mastodontes.
Faire valoir les intérêts de l’Europe
Cette activité diplomatique comporte toutefois quelques limites, en fonction de la taille du pays (le Danemark compte moins de 6 millions d’habitants) et de son poids économique (un PIB de 400 milliards de dollars). Face à des groupes qui sont en mesure de faire la pluie et le beau temps dans le numérique, c’est à un autre niveau qu’il convient d’évoluer.
De fait, l’Union européenne apparaît être un échelon tout à fait approprié avec ses 27 pays membres, ses 450 millions d’habitants et son PIB de 15 000 milliards de dollars. De quoi impacter davantage, surtout face à des groupes qui brassent des centaines de milliards de dollars et ont des clients partout dans le monde. À ce niveau-là, l’UE est un marché qui compte.
On le voit d’ailleurs avec l’effet qu’ont les législations au niveau européen, qu’il s’agisse du Règlement général sur la protection des données (RGPD), du Digital Services Act (DSA), du Digital Markets Act (DMA) et de la directive ePrivacy. Elles sont capables de contraindre les groupes étrangers, sous peine de s’exposer à des sanctions très importantes.
D’ailleurs, précise la Commission, le bureau sera dirigé par l’un des architectes du DSA et du DMA. Il lui faudra nouer des contacts avec la société civile, les politiques et les représentants des entreprises, accroître la coopération avec les États-Unis et, surtout, promouvoir les normes et technologies de l’UE, ses politiques et réglementations et ses modèles de gouvernance.
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