VKontakte sur l’App Store, c’est fini. Le réseau social russe, qui est l’équivalent de Facebook, n’a plus accès à la boutique d’applications pour iOS et iPadOS, les systèmes d’exploitation d’Apple pour l’iPhone et l’iPad. L’exclusion du site VK a été décidée fin septembre par la firme de Cupertino, sur fond de sanctions occidentales contre la Russie après son invasion de l’Ukraine.
Ce retrait a été confirmé par Apple le 28 septembre, dans un commentaire adressé à The Verge, et par VKontakte sur son site web. Ce dernier se montre rassurant pour sa communauté ayant un iPhone ou un iPad : il est toujours possible de s’en servir, si l’application est déjà installée. Mais, pour les autres, il est dorénavant impossible de la télécharger sur l’App Store.
Cela étant, des désagréments finiront par apparaître pour celles et ceux qui ont déjà VK sur l’iPhone ou l’iPad. Premièrement, les nouvelles fonctionnalités développées par le réseau social ne pourront pas être poussées sur l’App Store pour ensuite être distribuées aux internautes. Deuxièmement, les notifications et les paiements (via le système d’Apple) vont rencontrer des désagréments.
Apple éjecte VKontakte dans le cadre de sanctions contre la Russie
La disparition de VK de l’App Store est la conséquence d’un autre train de sanctions venant du gouvernement britannique, le 26 septembre. Ces mesures sont une riposte aux référendums mis en scène par la Russie dans plusieurs régions occupées militairement en Ukraine, pour prétexter un rattachement de tout l’est du pays au territoire russe.
Les applications « sont distribuées par des développeurs majoritairement détenus ou contrôlés par une ou plusieurs parties sanctionnées » par Londres, note Apple. La société dit avoir « résilié les comptes de développeurs associés à ces apps, et celles-ci ne peuvent être téléchargées depuis aucun App Store, quel que soit le lieu. »
Outre VK, l’action prise par l’entreprise américaine concerne des services tiers, dont un outil de messagerie (Mail.ru) et une plateforme musicale (VK Music). Ce seront surtout les Russes qui en pâtiront, la diaspora et une partie des internautes se trouvant dans les anciens pays de l’Union soviétique. Les internautes occidentaux sont peu présents sur VK.
VKontakte invite les personnes affectées par les restrictions d’Apple à opter pour une alternative. Il peut s’agir du site web, accessible via un navigateur, ou de la version mobile du site, adapté aux écrans de petite taille — un smartphone ou une tablette, typiquement. VK ne mentionne pas Android, mais ce pourrait aussi être une piste, les applis n’étant pas (encore ?) rejetées par Google Play.
Un réseau social à la modération variable
Il est fréquemment reproché à VKontakte d’être un nid à désinformation et d’être une caisse de résonance pour Moscou, en particulier pour y déployer son narratif concernant l’Ukraine. Le site est accusé de ne faire aucune modération particulière, sauf dans le cas où l’on tient un discours différent. Dans ce cas, un profil peut faire l’objet d’une modération rapide.
Cette impression a pu être observée par la rédaction de Numerama, avec un compte bloqué sur VKontakte après avoir posté des articles de Méduza (un média russophone basé en Lettonie) documentant les viols en Ukraine. Ce blocage a été constaté après deux jours d’utilisation et moins de dix publications sur l’Ukraine. À l’inverse, des publications haineuses ne sont pas contrées.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a engendré des représailles croisées dans le domaine du numérique et de la technologie. Des services comme Google News et des réseaux sociaux comme Facebook ont été bloqués. Twitter, Netflix, Instagram et TikTok ont aussi été touchés. Du côté occidental, de nombreuses sociétés ont réduit la voilure ou quitté la Russie. Des restrictions ont aussi été prononcées contre des médias de chaque côté.
Apple avait rapidement pris des dispositions dans les jours qui ont suivi le début de la guerre. La société a annoncé fin février arrêter toutes ses activités en Russie et bloquer Russia Today et Sputnik, des médias d’État accusés de propagande. Peu de temps avant, les officiels ukrainiens avaient prié Apple d’agir, pour faire pression sur la population et, par ricochet, sur le Kremlin.
Si VKontakte a une empreinte modeste en Occident, la plateforme est très utilisée dans le monde russophone — il l’était aussi en Ukraine, avant son bannissement suite à l’annexion de la Crimée. Le service revendique des centaines de millions de comptes. En Russie, sa fréquentation lui permet de figurer dans le top 5 des sites les plus visités.
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