Nous avions relevé en octobre dernier que le directeur de la rédaction du Nouvel Observateur Denis Olivennes avait taclé Nicolas Sarkozy sur son projet de réforme de l’audiovisuel public. Auteur d’une mission sur la lutte contre le piratage qui doit déboucher sur la riposte graduée défendue par Christine Albanel, M. Olivennes avait dit préférer qu’une taxe sur les opérateurs télécoms puisse « financer la production du cinéma et de la musique en France » plutôt que l’audiovisuel public. « Je ne vois pas au nom de quoi les internautes ou les utilisateurs de téléphones mobiles devraient payer pour l’audiovisuel public« , avait-il plaidé.
C’est donc sans grande surprise que le Nouvel Observateur publie dans son édition de jeudi un « appel des 500 » demandant au président Nicolas Sarkozy de retirer le projet de loi audiovisuel, à défaut de l’amender « profondément« . Il est notamment signé par Laure Adler, ancienne directrice de France Culture, l’actrice Annie Duperey, l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, la Société civile des auteurs multimédia (SCAM), la productrice Fabienne Servan-Schreiber, le réalisateur Bertrand Tavernier ou encore le député socialiste Christian Paul. Ce dernier n’est pas accompagné de ses traditionnels acolytes Patrick Bloche ou Didier Mathus, ni du député François Bayrou, qui a pourtant demandé une motion de censure sur le texte.
L’appel intervient alors que le député et porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre a jugé mercredi que la suppression de la publicité par décret était « inévitable« . « La réforme sera appliquée dès janvier, la publicité étant supprimée par décret, mais la compensation financée par les taxes (sur les chaînes privées et les télécoms) serait, du fait de l’obstruction, retardée« , annonce-t-il dans un communiqué. Comme nous l’avions analysé, F. Lefebvre rejette la responsabilité du financement sur le Parti Socialiste en les mettant devant le fait accompli.
« La réforme de l’audiovisuel que vous avez entreprise fait peser sur le service public la menace d’une régression profonde« , jugent les signataires de l’appel du Nouvel Obs. Ils dénoncent un « appauvrissement inéluctable » du service public, et un retour au « temps de l’ORTF » par la nomination directe du patron de France Télévisions par l’exécutif. « Améliorer la qualité des programmes en tarissant une source de financement vitale – la publicité – assigne à l’audiovisuel public une mission aussi noble qu’impossible si cela n’est pas compensé par des dotations budgétaires suffisantes et pérennes« , indique l’appel. « Nommer directement les patrons de l’audiovisuel public comme au temps de l’ORTF plutôt que de renforcer encore les conditions l’impartialité et d’indépendance de cette désignation va à rebours de l’Histoire.«
« Il nous parait aujourd’hui que vous devriez avoir la hauteur de vue, sinon de le retirer pour reprendre le temps nécessaire à la réflexion, du moins de l’amender profondément pour en corriger les vices et les excès« , conseillent les signataires au Président de la République.
« L’appel des 500 » rappelle celui lancé en 2006 par le même magazine, avant la prise de direction de Denis Olivennes, contre la répression exercée à l’encontre du piratage. Il n’avait pas été entendu.
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