Après les menaces douteuses visant la Station spatiale internationale (ISS), c’est maintenant au tour des satellites commerciaux occidentaux de subir une intimidation de la part des autorités russes. En cause ? Le rôle que jouent certains engins dans le déroulement de la guerre en Ukraine, en aidant Kiev à mieux se défendre et à répliquer contre l’envahisseur russe.
La mise en garde est venue de Konstantin Vorontsov, le directeur adjoint du département en charge de la non-prolifération et de la maîtrise des armements du ministère russe des Affaires étrangères. Devant une commission des Nations unies, il a prévenu que les satellites occidentaux soutenant l’Ukraine pourraient être la cible de représailles.
C’est l’agence de presse russe TASS qui a cité l’intervention du responsable, relayée ensuite dans le fil d’actualité du Monde consacré au conflit. Selon lui, ces « infrastructures quasi civiles pourraient constituer une cible légitime pour des frappes de représailles ». Cette dernière formulation suggère l’utilisation de missiles pour détruire les satellites en cause.
Une aide dans l’observation et les communications
C’est l’utilisation de moyens spatiaux civils dans des conflits armés qui agace la Russie. Pour Moscou, cette participation aux opérations militaires est susceptible de changer la nature de ces infrastructures et en faire des cibles légitimes. Le directeur adjoint n’a pas mentionné un opérateur satellitaire en particulier pour illustrer son propos.
Aujourd’hui, l’utilisation de satellites commerciaux pour soutenir l’Ukraine est de deux ordres : on trouve des satellites de communications, qui permettent au pays de garder des liaisons téléphoniques et Internet opérationnelles. Il y a également des satellites d’observation qui fournissent du renseignement en prenant des photos du sol.
En la matière, on sait que Maxar Technologies, une société américaine, a permis de détecter la présence de convois militaires russes, la destruction de Marioupol ou bien de démontrer un peu plus les crimes de guerre à Boutcha, grâce à ses prises de vues depuis l’espace. De son côté, SpaceX, une autre société américaine, fournit des kits pour se connecter à Internet via ses satellites Starlink.
Il y a aussi un troisième domaine dans lequel les satellites peuvent aider : c’est l’écoute et le renseignement électromagnétique. Cependant, il s’agit plutôt d’un domaine réservé aux satellites militaires, et non civils. Il est certain que ceux des puissances occidentales tournent actuellement au-dessus de l’Ukraine pour capter les télécommunications russes.
La Russie a déjà frappé, piraté et opéré dans l’espace
La Russie a déjà démontré par le passé sa capacité de frappe contre des satellites. En novembre 2021, elle a effectué un tir antisatellite contre un satellite soviétique qui ne marchait plus. La frappe a réussi, mais elle a généré un nuage de débris qui gêne régulièrement l’ISS et qui constitue une menace à long terme pour les activités spatiales.
L’emploi d’un missile contre un satellite poserait un problème global. Au-delà de la perte de l’engin lui-même, les fragments issus de l’explosion pourront nuire aussi à des pays qui ne sont pas du tout liés au conflit, et par ailleurs la Russie elle-même, qui a sa propre flotte de satellites. En outre, ces débris risquent aussi d’en générer d’autres, en heurtant d’autres appareils.
Contre les satellites, la Russie ne mène pas que des exercices de tir : elle passe aussi à l’offensive. En 2018, la ministre des Armées Florence Parly avait rendu public un incident spatial, en affirmant que le satellite russe Louch Olymp s’était rapproché « d’un peu trop près » d’Athena Fidus, un satellite franco-italien, en orbite depuis 2014 et dédié aux communications militaires.
Plus récemment, le début de l’offensive en Ukraine a été accompagné du piratage d’un satellite (ce qui a affecté quelques milliers de Français, notamment). L’incident a été confirmé par l’armée française, et les États-Unis, comme l’Union européenne et le Royaume-Uni, ont accusé Moscou d’avoir orchestré cette attaque cyber.
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