Le gouvernement a dévoilé, lundi 9 janvier 2023, son vaste plan « sécurité à la chasse ». Interdiction de la pratique de la chasse sous l’emprise de l’alcool et de stupéfiants, mise en place de formations obligatoires, et renforcement des peines en cas de condamnation sont au programme. Parmi toutes ces mesures, une en particulier a retenu notre attention : l’annonce de la création d’une app.
Ce n’est pas vraiment une surprise : le gouvernement avait évoqué pour la première fois l’utilisation d’une app après un accident mortel, en début d’année 2022. La solution envisagée à l’époque est cependant différente de celle qui a finalement été présentée ce 9 janvier : il n’y aura pas d’app de géolocalisation, seulement un service de déclaration.
Comment l’app fonctionnera-t-elle ?
Dans son dossier de presse, le gouvernement précise qu’il souhaite « développer une application numérique dans laquelle les zones de chasse seront recensées ». Les zones sans chasse étant très nombreuses, explique le document, « chaque personne pourra identifier une zone non chassée et s’y rendre en étant certain de ne pas croiser un chasseur.»
L’app centralisera les informations et sera en open data pour « faciliter les échanges avec les applications existantes déjà utilisées par le grand public ». Enfin, « la déclaration de chasses collectives sera obligatoire », et l’objectif du gouvernement est de lancer l’app à l’automne 2023.
On ne connait pas encore son nom de la future app. Un article du Figaro, paru quelques jours avant la sortir du dossier du gouvernement, précisait qu’elle s’appellerait « Suricate », le même nom qu’une app déjà utilisée par le ministère des Sports pour déclarer des problèmes rencontrés dans la nature, mais il n’est pas question de cette appli dans le dossier.
Est-ce que ça peut marcher ?
Il reste encore quelques zones de flou — au moment de la publication de cet article, le ministère n’avait pas encore répondu à nos questions. Nous ne savons pas ce qu’il se passerait si des chasseurs manquaient à leur obligation et oubliaient de déclarer une zone de chasse, ou s’ils débordaient de la zone indiquée. Du plus, l’app ne concerne que les chasses collectives, pas les chasses solitaires, et nous ne savons pas si des mesures seront prises pour ces cas précis.
Une autre question se pose également sur les zones sans chasse. Ces dernières ne sont pas très bien définies dans le cadre de l’app : s’agira-t-il des zones sans chasse ce jour-là, ou des zones où l’interdiction est totale ?
Les zones sans chasse totale ne sont pas toujours connues du grand public. Il s’agit, entre autres :
- Des terrains se situant dans un rayon de 150 m autour d’une habitation,
- Des terrains qui disposant d’une clôture continue qui entrave le passage du gibier,
- Des terrains privés de plus de 20 hectares sans l’autorisation du propriétaire,
- Des réserves de chasse et de faune sauvage instituées par le préfet et dans les réserves de chasse et de faune sauvage nationales.
Enfin, la question la plus importante : l’app suffira-t-elle à prévenir les accidents ? Rien n’est sûr. Il existe déjà au niveau local des apps similaires en France depuis plusieurs années, et n’ont pas empêché les accidents d’arriver. Dans le département de la Côte-d’Or, où Chasse Info indique aux utilisateurs les dates et les lieux de chasse en battue organisées depuis 2021, un chasseur en état d’ébriété a failli en blesser un autre en février 2022.
En Haute-Savoie, où Chasse Eco est disponible depuis 2016, et dont utilisateurs peuvent « indiquer la date et la commune qui les intéressent (ou se géolocaliser par GPS) », un promeneur a été blessé en octobre 2021.
Il apparait donc que le succès de l’app dépendra surtout du respect des règles de sécurité par les chasseurs. Or, comme le rappelle le rapport gouvernemental paru en septembre 2022, les accidents « sont, pour la très large majorité, le résultat de fautes humaines liées au non-respect des règles élémentaires de sécurité », comme « le manquement aux règles essentielles de sécurité lors de la chasse en battue au grand gibier, le non-respect de l’angle de tir (30 degrés), la mauvaise manipulation d’armes, et les tirs en direction des routes, habitations ou chemins de randonnées ». Pas vraiment des comportements qu’une app pourra changer.
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