Elle est considérée comme l’une des entreprises les plus agréables pour les salariés. Mais, pour 12 000 d’entre eux, ce cadre privilégié va s’arrêter en 2023. Google va réduire sa masse salariale. C’est Sundar Pichai, le directeur général du moteur de recherche et d’Alphabet, sa maison mère, qui se charge de l’annoncer dans un message paru le 20 janvier 2023.
La décision de la firme de Mountain View affectera aux alentours de 6,4 % de la totalité de ses employés — en date du 30 septembre 2022, l’entreprise américaine comptait exactement 186 779 googlers. « Même si cette transition sera difficile, nous allons soutenir les employés dans la recherche de leur prochaine opportunité », promet le patron du groupe.
Ce n’est pas la faute de ChatGPT, même si cette IA inquiète Google
Alors que l’actualité récente a laissé une large place à l’émergence d’algorithmes d’intelligence artificielle de plus en plus doués — comme ChatGPT –, ce n’est pas du tout à cause de l’IA que Google se serre la ceinture. Cela, alors même que le New York Times signait, le 21 décembre, un article titré : « un nouveau chatbot est un code rouge pour les activités de recherche de Google ».
Il est vrai qu’un agent conversationnel aussi remarquable dans sa capacité à saisir les demandes des internautes et à fournir des réponses structurées et articulées (même si elles tombent parfois à côté) est un défi critique pour Google. Surtout si celui-ci se retrouve à marcher main dans la main avec Bing, le moteur de recherche de Microsoft, pour rivaliser avec Google.
Dans les faits, les raisons sont beaucoup plus banales : Google a simplement « trop » embauché ces dernières années, notamment durant la période où la crise de covid-19 battait son plein. À l’époque, il y avait un besoin accru en « numérique ». C’était l’époque du télétravail et ce fut une opportunité pour les géants de la tech — comme Amazon pour les achats en ligne.
« Au cours des deux dernières années, nous avons connu des périodes de croissance spectaculaire. Pour accompagner et alimenter cette croissance, nous avons embauché », souligne Sundar Pichai. Assurément, Google a beaucoup grossi en peu de temps : de 114 096 employés au 30 septembre 2019, ce nombre est passé à 132 121 en 2020 à 150 028 en 2021 et 186 779 en 2022.
Mais, aujourd’hui, la « réalité économique [est] différente » note-t-il. Le temps de l’abondance semble terminé pour le secteur de la tech. D’ailleurs, Google n’est pas le seul groupe à sabrer dans ses effectifs : Amazon, Microsoft, Meta (la maison mère de Facebook) et bien d’autres ont fait de même. Les trois premières ont d’ailleurs sabré dans des volumes équivalents.
La veille, Microsoft annonçait aussi le licenciement de 10 000 personnes. Parmi les raisons avancées par le géant des logiciels, la récession et la crise économique, qui frappent déjà par endroits et sont anticipées ailleurs. La sortie de la crise aiguë face au coronavirus et des besoins en matière de numérique sont aussi des paramètres qui ont joué. De fait, les entreprises recalibrent les salaires par des coupes claires.
Garder le cap vers l’IA
Google indique que son plan social sera réparti sur l’ensemble du groupe Alphabet, entre les produits, les fonctions, les niveaux et les régions. Ils toucheront aussi bien les États-Unis que le reste du monde. Cela fait suite à « un examen rigoureux […] pour nous assurer que notre personnel et nos rôles sont alignés sur nos plus grandes priorités en tant qu’entreprise. »
ChatGPT n’est pas la cause profonde du licenciement de ces 12 000 googlers. Cela dit, les progrès en matière d’agents conversationnels, d’algorithmes et d’apprentissages automatiques et de tout ce qui a trait à l’intelligence artificielle constituent bien, toutefois, la nouvelle frontière de la tech — et de Google. C’est vers ce nouvel horizon que le groupe s’oriente.
Google se vante d’avoir investi très tôt dans ce domaine, en rachetant en 2014 l’entreprise britannique DeepMind (qui a connu un immense intérêt en 2016 lors de son triomphe au jeu de go et dans des jeux tels StarCraft 2). Mais, le groupe semble s’être laissé surprendre par ChatGPT. Or, il ne s’agirait pas que cette IA devienne la cause d’un autre plan social chez Google, faute d’avoir mis assez le paquet dans l’IA.
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