Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard, qui sortira officiellement le 10 février, croule déjà sous les problèmes. Entre les propos transphobes de J.K. Rowling, l’autrice de la série Harry Potter, dont est tiré le jeu, et les accusations d’antisémitisme à cause de son intrigue, le jeu n’a pas vraiment reçu un accueil des plus enthousiastes.
Les propos transphobes de J.K. Rowling
C’est le point dont on parle depuis des années : le jeu Hogwarts Legacy est forcément lié à J.K. Rowling, la romancière qui a créé l’univers Harry Potter. Si cette dernière était idolâtrée il y a dix ans, elle a depuis montré un nouveau visage, en ligne et hors ligne, menant un combat ouvert contre les personnes trans. Depuis 2018, la romancière tient des discours de plus en plus virulents envers les personnes trans, qu’elle n’hésite pas à afficher sur Twitter.
Après avoir multiplié les prises de position polémiques (en likant notamment un tweet insultant et en partageant un lien vers une boutique vendant des slogans transphobes), J.K. Rowling a également aidé financièrement une activiste anti-trans lors de son procès au Royaume-Uni. Enfin, en souhaitant un « happy Terfsmas » à la place d’un « merry christmas » à une de ses fans sur Twitter, l’autrice a ouvertement assumé sa transphobie [l’acronyme TERF, pour Trans-exclusionary radical feminist est utilisé pour décrire les personnes qui excluent les femmes trans des luttes féministes, ndlr].
Les positions de J.K. Rowling lui valent d’être de plus en plus critiquée par des fans de la saga Harry Potter, et bien qu’elle n’ait pas collaboré avec le studio pour l’élaboration du jeu, Hogwarts Legacy souffre tout de même de ses actes. Bien que le jeu présente le premier personnage trans de l’univers d’Harry Potter, le fait qu’une partie des revenus des ventes du jeu reviennent à J.K. Rowling a suffi pour convaincre les internautes d’appeler au boycott.
Un discours antisémite latent ?
Ce n’est cependant pas la seule polémique du jeu. Hogwarts Legacy se déroule près de 100 ans avant les évènements décrits dans les livres Harry Potter, et les joueurs doivent mater une tentative de révolution orchestrée par les Gobelins. Ce scénario pose plusieurs problèmes : déjà, les Gobelins sont des êtres maltraités dans le monde des sorciers, qui n’ont pas le droit de posséder de baguettes magiques. Demander à des joueurs d’empêcher une minorité opprimée de se libérer de ses oppresseurs et de demander l’égalité des droits peut être perçu comme un choix assez malheureux.
Enfin, c’est la représentation même des Gobelins dans l’univers d’Harry Potter qui pose question. De nombreux observateurs y voient en effet une caricature antisémite, avec leur nez crochu, le fait qu’ils soient désagréables et qu’ils s’occupent de la banque magique des sorciers. Cette imagerie avait notamment été jugée antisémite par le média The Mary Sue, qui avait appelé au boycott du jeu pour ces raisons en décembre 2022.
L’esclavagisme des elfes de maison
Empêcher une révolution (justifiée ou non) ne sera peut-être pas le seul objectif du jeu : il y aura surement des quêtes secondaires qui aborderont d’autres sujets. Dans tous ces cas, les elfes de maison seront présents dans Hogwarts Legacy pour aider les joueurs et joueuses. Pour rappel, dans l’univers d’Harry Potter, les elfes sont des créatures entièrement réduites en esclavage par les sorciers, qui ne peuvent être libérés que lorsqu’on leur offre un vêtement.
Dans Hogwarts Legacy, le joueur ou la joueuse est aidé de Deek, un elfe réduit en esclavage, et comme le soulignait déjà MadmoiZelle en mars 2022, certains craignent que « leur statut d’esclave ne soit pas traité avec le sérieux qu’il mérite ». Si dans les livres, le personnage d’Harry Potter libère Dobby et qu’Hermione Granger milite dans leur libération, dans le jeu, c’est une autre histoire. Étant donné que l’intrigue du jeu se déroule 100 ans avant les livres, il n’est pas sûr qu’il y ait une option dans le jeu pour libérer les elfes, ni même que les sorciers voient d’un bon œil un autre mouvement de libération.
Les positions misogynes de l’ancien lead designer du jeu
En plus de la transphobie, de l’antisémitisme et de ce qui peut passer comme une sorte de tolérance de l’esclavagisme, il est important de parler de la misogynie de l’ancien lead designer du jeu. Troy Leavitt s’était fait épingler en 2021 pour avoir tenu, sur sa chaîne YouTube, des propos anti-féministes.
Dans ses vidéos, le développeur expliquait ainsi soutenir John Lasseter, le confondateur du studio d’animation Pixar, accusé de harcèlement sexuel par plusieurs employées. Toujours selon Madmoizelle, il aurait notamment déclaré que certains types de harcèlements sexuels étaient « moins graves » que d’autres, notamment en comparant les actions de John Lasseter et d’Harvey Weinstein.
Globalement, Troy Leavitt entretenait dans ses vidéos un discours hostile aux femmes et à leurs prises de parole, notamment en s’exprimant en faveur du Gamergate (un mouvement de cyberharcèlement à l’encontre de plusieurs figures féministes dans l’industrie des jeux vidéos).
La découverte par le grand public de sa chaîne, en mars 2021, et la polémique qui avait suivi, l’avait poussé à démissionner quelques jours plus tard. L’existence de la chaîne et des propos qu’il y tenait étaient cependant connus des dirigeants du studio, qui ne les avaient pas jugés problématiques, rappelle Kotaku. De quoi encore attiser la colère de certains fans envers les développeurs.
Comment se positionnent les internautes ?
De nombreux internautes ont appelé au boycott de Hogwart Legacy sur les réseaux sociaux. D’autres sont étrillés entre le fait de souhaiter jouer au jeu, sans pour autant donner de l’argent à J.K. Rowling, qui utilise ses fonds pour financer des associations anti-trans. Certains se tournent vers l’option d’attendre que le jeu soit vendu d’occasion, afin de s’assurer que l’autrice ne touche pas de dividendes supplémentaires.
Et puis, de l’autre côté du spectre, il y a ceux qui assument pleinement, publiquement, d’acheter jeu pour soutenir les opinions de J.K. Rowling. En France, la discrimination basée sur l’identité de genre est punie par la loi, avec des sanctions allant de 3 à 5 ans de prison en fonction des cas.
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