L’administration Obama n’utilisera pas pour l’instant le levier de la loi pour obliger les entreprises high-tech à placer des backdoors afin de déchiffrer les communications. La nouvelle a été saluée par l’EFF, qui prévient qu’il ne s’agit-là que d’une victoire partielle.

C’est une victoire importante pour l’avenir du chiffrement. Aux États-Unis, l’administration Obama a fait savoir qu’elle renonçait – pour le moment – à enclencher le moindre projet législatif qui contraindrait les entreprises du web à mettre en place un accès spécial permettant aux forces de l’ordre de consulter sans difficulté les messages chiffrés, par exemple dans le cadre d’une enquête de police.

C’est ce que rapporte le Washington Post. «Après des mois de délibération, l’administration Obama a pris une décision attendue de longue date sur l’épineuse question des communications chiffrées : il n’y aura pas – pour l’instant – d’appel en faveur d’une loi forçant les prestataires à déchiffrer les messages au profit des autorités». Mais cela ne veut pas dire que le gouvernement restera les bras ballants.

En effet, le quotidien ajoute que la Maison-Blanche va poursuivre son travail de persuasion en direction des sociétés qui proposent ce type de protection, afin de les inciter à imaginer «un accès dédié pour que l’État puisse toujours regarder les données des individus dans le cadre d’une enquête criminelle ou terroriste». C’est ce qu’a déclaré James B. Comey, le directeur du FBI, lors d’une audition au Sénat.

UNE VICTOIRE PARTIELLE POUR L’EFF

La nouvelle a bien sûr été saluée par l’Electronic Frontier Foundation, l’une des associations les plus réputées en matière de défense de la liberté d’expression sur Internet, mais avec un gros bémol : l’ONG a bien compris qu’il s’agit d’une victoire temporaire, puisque l’administration Obama peut toujours activer le levier législatif si elle constate que la situation n’est plus admissible.

«C’est une victoire partielle pour ceux d’entre nous qui nous battons pour des communications en ligne qui soient solides, sécurisées et privées», écrit l’EFF, qui cherche à empêcher un affaiblissement du chiffrement sur Internet, qui est un aspect absolument central pour la sûreté des communications. Mais ce premier succès, qui maintient finalement le statu quo, n’est clairement pas suffisant.

«Si Obama veut laisser un héritage promouvant l’innovation et la vie privée des individus, il devrait adopter une ligne politique claire s’opposant aux accords secrets et parfois informels qui existent entre le gouvernement et les firmes high-tech visant à saper la sécurité et la vie privée» poursuit l’ONG. «Les internautes – à la fois aux USA et à l’étranger – méritent de pouvoir faire confiance à leurs prestataires».

LOBBYING PRO CHIFFREMENT

La reculade de Washington fait suite à un important mouvement en faveur du chiffrement. Ce printemps, une lettre ouverte signée par de nombreux représentants de la société civile, des entreprises (dont Apple, Adobe, Cisco, Google, Facebook, Twitter, Microsoft, Mozilla, Yahoo, LinkedIn ou Dropbox) et des spécialistes du sujet a prié la Maison-Blanche de rejeter toute idée visant à l’affaiblir.

«Le chiffrement fort est la pierre angulaire de la sécurité de l’économie de l’information moderne […]. Le chiffrement protège des milliards d’individus chaque jour contre une quantité innombrable de menaces […] Cette protection serait minée par l’insertion obligatoire de nouvelles vulnérabilités dans les appareils et services chiffrés. […] Les Introduire volontairement dans des produits sécurisés pour que le gouvernement les utilise rendrait ces produits moins sécurisés contre d’autres assaillants».

À cette lettre ouverte s’est ajoutée ensuite une pétition signée pour l’heure par plus de 58 000 personnes (il en faut au moins 100 000 pour obtenir une réponse officielle de la Maison-Blanche) et par diverses sociétés et organisations. Celle-ci lance un appel similaire, invitant l’administration à refuser toute loi, toute entente privée ou tout ordre exécutif débouchant sur la sape des droits fondamentaux.

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