Vous l’avez sans doute remarqué si vous vous êtes connecté à Facebook dans les heures qui ont suivi la série d’attentats qui a frappé Paris vendredi soir, causant au passage la mort de plus de 130 personnes. Développé par le réseau social, l’outil Safety Check, qui permet aux membres du réseau social d’indiquer à leurs proches qu’ils sont en sécurité, a été activé afin que les Parisiens puissent donner de leurs nouvelles.
Le dispositif a été d’un intérêt remarquable pour ceux se trouvant dans la zone affectée par les attaques de l’organisation État islamique.
En quelques instants, il a été possible de prendre des nouvelles d’un nombre important de contacts ayant un compte sur Facebook. Selon nos propres constatations, et d’après les témoignages que nous avons reçus, ce sont à chaque fois des dizaines de notifications rassurantes qui ont été envoyées très peu de temps après la disponibilité de l’outil, dont l’usage s’est répandu comme une traînée de poudre.
L’outil, bien sûr, a ses limites : il ne peut pas donner des nouvelles de l’entourage qui n’est pas sur le réseau social, pas plus qu’il ne peut renseigner immédiatement sur la situation de ceux qui n’ont pas (encore) répondu au Safety Check, pour une raison ou pour une autre : parce qu’ils étaient déjà couchés, parce qu’il n’y avait pas de réseau à ce moment-là, parce qu’ils n’étaient pas encore au courant, et ainsi de suite.
Dédié au départ aux catastrophes naturelles, l’outil signalera aussi les désastres humains.
Inventé au départ pour aider les populations à signaler leur situation en cas de catastrophe naturelle, à l’image de ce qui a été fait pour le séisme au Népal survenu ce printemps, l’outil Safety Check voit aujourd’hui son rôle évoluer. À la suite de la vague d’horreur qui a frappé la France, le dispositif servira désormais aussi à donner de ses nouvelles en cas de drames humains, comme des attaques terroristes.
Or, c’est justement là où le bât blesse.
Si les Parisiens ont pu bénéficier du Safety Check pour signaler qu’ils allaient bien, permettant de prévenir d’un coup sur Facebook de nombreux proches, les Libanais n’ont pas eu la possibilité de s’en servir. En effet, l’outil n’a pas été activé pour eux, alors même qu’un attentat similaire a frappé Beyrouth la veille. Perpétré au nom de l’organisation État islamique, il a provoqué la mort d’une quarantaine de personnes.
Cette indisponibilité du Safety Check a causé une vive incompréhension au Liban, qui souffre aussi du terrorisme, comme l’ensemble du Moyen-Orient et du Maghreb. « Il y a une forme de dépit face au relatif silence de l’Occident sur nos souffrances, en Syrie, en Palestine ou en Irak. N’y aurait-il des êtres humains qu’à Paris ? » fait observer Yazan Al-Saadi, un journaliste syrien cité par Le Monde.
Ces reproches ne sont heureusement pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, qui a affiché sa solidarité avec la France en présentant ses condoléances et en modifiant sa photo de profil pour y faire apparaître les couleurs du drapeau français, a annoncé l’évolution du Safety Check. Il n’est en effet pas admissible qu’un tel outil, vu son utilité, ignore les besoins d’autres personnes.
« De nombreuses personnes ont demandé à raison pourquoi nous avons activé le Safety Check pour Paris mais pas pour les explosions à Beyrouth ou ailleurs. Jusqu’à vendredi, notre politique était d’activer le Safety Check pour les catastrophes naturelles. Nous venons juste de la faire évoluer et nous prévoyons désormais de l’activer pour les désastres humains qui surviendront à l’avenir » a-t-il commenté.
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