« Nous sommes en guerre », ne cesse de répéter le gouvernement depuis les tragiques attentats du 13 novembre 2015 à Paris. La formule qui n’était jusque là entendue que dans les rangs parlementaires est désormais une expression consacrée et assumée au plus haut sommet de l’État, et celui-ci s’organise pour que chaque échelon soit en ordre de bataille.
Y compris les professionnels de la communication dans les forces armées. Ainsi alors que le ministère de la Défense disposait déjà de son propre compte depuis 2010, et que les différents corps d’armée étaient également actifs, l’État-major des forces armées qui assure le commandement des opérations militaires a décidé lundi d’ouvrir son compte Twitter pour livrer au peuple français et au monde « l’actualité des opérations » engagées sur le terrain. Il rejoint ainsi d’autres armées comme celle d’Israël, très en pointe sur l’utilisation des réseaux sociaux lors de conflits armés.
Le premier tweet de l’État-major se veut humoristique :
[floating-quote float= »right »]Le plus intéressant sera peut-être dans ce que l’État-major ne dira pas[/quote]
Depuis des temps immémoriaux il n’existe pas une seule guerre au monde qui n’est pas accompagnée dans chaque camp par une logique de propagande de guerre et de contre-propagande — ce que l’on appelle plus pudiquement aujourd’hui la « communication ». Il est essentiel de maîtriser les informations pour que les siens ressentent que c’est l’adversaire oblige à faire la guerre, que l’on est du camp du bien contre le camp du mal, que l’on se bat pour des causes justes, ou encore que l’on remporte des victoires alors que l’adversaire essuie des échecs (on renverra les lecteurs sur ce sujet au livre référence de l’historienne Anne Morelli).
Au moment où la guerre contre l’État Islamique s’intensifie, serait étonnant que le compte Twitter de l’État-major français ne s’inscrive pas dans cette tradition multi-séculaire, même à l’heure du fact-checking et des réseaux sociaux qui permettent à tout le monde de répondre aux tweets pour y ajouter une précision ou contester l’authenticité de certaines informations publiées.
Le plus intéressant finalement sera peut-être dans ce que l’État-major choisira de ne pas communiquer. Par exemple sur les éventuelles victimes civiles des bombardements français dénoncés entre autres par Michel Onfray, lequel est lui-même désormais repris par la propagande de l’État Islamique, et dénoncé par la contre-propagande en France.
Le deuxième tweet de l’État-major :
Plus que jamais au XXIe siècle, la guerre est aussi une guerre de l’information, et c’est bien au regard de cette guerre que les parlementaires avaient justifié de censurer la propagande de l’adversaire.
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