La commission des affaires culturelles du Sénat a modifié jeudi le projet de loi Hadopi 2 pour réintroduire l’idée de sanctionner le défaut de surveillance de l’accès à Internet. Il prévoit que la suspension de l’abonnement peut être prononcée en cas de « négligence caractérisée » de l’abonné.

Les Sénateurs de la commission des affaires culturelles ont adopté jeudi matin le projet de loi relatif à la protection pénale de la propriété littéraire et artistique, Hadopi 2, qui doit permettre aux juges de sanctionner le téléchargement illégal. Sous l’impulsion du rapporteur Michel Thiollière, déjà rapporteur au Sénat des projets de loi DADVSI et Hadopi 1 (on ne change pas une équipe qui perd), la commission a adopté une douzaine d’amendements qui permettent par exemple de ne pas faire figurer la suspension de l’abonnement au casier judiciaire, d’effacer les données personnelles recueillies par l’Hadopi après la suspension, de faire informer les ayants droit des procédures pour qu’ils puissent se porter partie civile, mais aussi de réintroduire le sanction pour défaut de surveillance de l’accès à Internet.

Un nouvel article 3 bis prévoit désormais que la suspension de l’abonnement à Internet « peut être prononcée en cas de négligence caractérisée, à l’encontre du titulaire de l’accès à un service de communication au public en ligne ou de communications électroniques préalablement averti par la commission de protection des droits« .

Plus prudent, le projet de loi Hadopi 2 se contentait de prévoir la suspension à Internet dans les cas de contrefaçon, ce qui était plus simple à démontrer qu’une « négligence » de l’abonné à Internet qui n’aurait pas protégé en bon père de famille son accès à Internet contre le piratage. On se réjouit d’avance de voir comment, concrètement, le parquet pourra « caractériser » la négligence de l’abonné, en se fondant simplement sur l’existence d’un relevé qui établit l’existence d’un téléchargement illégal. Pour reprendre une analogie qu’aiment beaucoup les défenseurs de l’Hadopi, c’est un peu comme si l’on disait à celui qui s’est fait voler sa voiture qu’il avait forcément laissé ses clés sur le tableau de bord, puisqu’elle a été volée.

Rappelons que le Conseil constitutionnel a sanctionné d’avance cette idée d’imposer une telle présomption de culpabilité, en indiquant qu’elle ne pouvait être recevable en matière de contravention que si « les faits induisent la vraisemblance de l’imputabilité », et si la présomption peut être renversée par l’accusé. Or il sera impossible à l’internaute lambda de démontrer qu’il avait effectivement pris toutes les précautions utiles pour éviter que son accès à Internet soit piraté.

Si il veut éviter la censure du Conseil constitutionnel, le Sénat réunit en séance plénière sera bien inspiré de supprimer ce nouvel article 3 bis. Le texte présenté par le gouvernement avait déjà lui-même suffisamment de risques d’inconstitutionnalité, comme l’a reconnu lui-même le cabinet de Frédéric Mitterrand.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !