En mars dernier, le Groupement des éditeurs en ligne (Geste) avait fait la proposition ridicule de demander à Google qu’il paye pour exploiter les titres et des extraits des articles sur son service Google News. « Ce service n’existerait pas si nos articles n’y étaient pas présents« , se justifiait Philippe Janet, le président du Geste, pour exiger « une répartition du chiffre d’affaires générés avec les journaux« .
Voici ce que nous écrivions au moment de cette déclaration :
Nous, à Numerama, sommes au contraire très heureux que Google gagne de l’argent en affichant nos titres sur son service Google News. Ca veut dire que des utilisateurs cliquent dessus et lisent ce que nous écrivons. Nous pestons même, parfois, de voir que les articles de certains adhérents du GESTE y sont beaucoup plus souvent exposés que les nôtres et gagnent donc davantage de visibilité que nous. C’est pourtant le jeu.
Mais si les éditeurs du GESTE ont l’impression d’être exploités par Google, nous suggérons à Google de supprimer toutes les sources du GESTE et de laisser Numerama sur son service.
Gratuitement.
Notre petit doigt nous dit toutefois que le GESTE ne serait pas très content si Google nous prenait au mot. Mais peut-être devraient-ils y réfléchir avant de penser systématiquement que toute exploitation de leur contenu mérite rétribution. Ca n’est pas le cas.
La proposition du Geste, toutefois, a fait du chemin. La semaine dernière, le Conseil des Editeurs Européens (EPC), dont le groupe Lagardère Interactive est membre, a publié sa Déclaration d’Hambourg qui demande à ce que le contenu journalistique soit « sécurisé à travers toutes les chaînes de distribution numérique« , et qui appelle à une plus forte protection des droits d’auteur de la presse en ligne. En ligne de mire : les services comme Google News et les agrégateurs d’actualités. « L’utilisation non autorisée d’une propriété intellectuelle doit rester interdite quels que soient les moyens de distribution« , indique la déclaration. « Le principe fondamental selon lequel aucune démocratie ne peut prospérer sans journalisme indépendant doit également s’appliquer au World Wide Web« , conclut-elle.
Prenant les éditeurs au mot, Google a publié une réponse cinglante. La firme de Mountain View rappelle qu’il utilise le standard Robots Exclusion Protocol (REP) qui permet aux éditeurs de sites internet de bloquer le référencement de leurs pages en ajoutant simplement des instructions dans leur fichier robots.txt, ou des métadonnées dans leurs pages. « Si vous ne voulez pas apparaître dans les résultats de recherche de Google, ça ne prend pas plus d’une ligne ou deux de code« , écrit le moteur de recherche, qui rappelle que les éditeurs qui souhaitent faire payer leurs contenus peuvent aussi utiliser la balise « unavailable_after » pour déréférencer automatiquement les contenus qui sont devenus payants après un certain temps.
« Aujourd’hui, plus de 25.000 entreprises de presse à travers le monde rendent leur contenu disponible sur Google News et d’autres moteurs de recherche. Ils le font parce qu’ils veulent que leur travail soit trouvé et lu (Google délivre plus d’un milliard de visites de clients aux sites internet des journaux chaque mois)« , rappelle Google.
« Ces visites offrent aux éditeurs une opportunité commerciale, la chance d’attirer un lecteur avec du contenu intéressant, de gagner de l’argent avec des publicités ou en proposant des abonnements en ligne. Si à un moment donné un éditeur web a le sentiment que nous ne leur délivrons pas de la valeur et souhaite que nous arrêtions d’indexer leur contenu, ils peuvent le faire rapidement et efficacement« .
Prenant la défense des petits éditeurs qui n’ont pas la puissance des Lagardère, Axel Springer, Reuters ou autres Telegraph, Google indique que « notre principe directeur est que quelle que soit la norme technique que nous introduisons, elle doit fonctionner pour le web entier (les gros éditeurs et les petits), pas uniquement pour une petit groupe ou un secteur« .
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