C’est une constante dans toute l’histoire du P2P. A chaque fois qu’un outil d’échange de fichiers populaire a fermé, une solution plus difficile à contrôler et plus efficace pour les utilisateurs a pris la suite. Napster avait pour faille d’être très centralisé. Il a été remplacé par Kazaa, qui avait le tort d’être édité par une société commerciale condamnée en justice. Lui-même a été remplacé par eMule et par BitTorrent, qui ne sont contrôlés par aucune entité commerciale et ne présentent donc aucun point névralgique… The Pirate Bay, dont le tracker est utilisé selon des études par la moitié des .torrents diffusés dans le monde, est un point névralgique de BitTorrent dont la fermeture est très redoutée. Mais la relève arrive, dans la grande tradition du P2P.
« Si c’est la mort des .torrents, l’Histoire nous enseigne que quelque chose de mieux viendra (à la place)« , avait prévenu le porte-parole de TPB, Peter Sunde, après l’annonce de la vente de The Pirate Bay. Dans les heures qui ont suivi, le tracker ouvert OpenBittorrent avait fait son apparition pour rassurer tout le monde. Ostensiblement créé par l’équipe originelle de The Pirate Bay, le tracker promettait de prendre le relai du site suédois en se séparant simplement du moteur de recherche, seul vrai responsable de ses déboirs judiciaires. L’indexation des torrents devra alors se faire par des sites spécialisés (isoHunt, Mininova…), ou de manière beaucoup plus décentralisée, avec par exemple des flux à la Twitter. Mais pris isolément, OpenBiTorrent ne devrait pas avoir suffisamment d’éléments sous son contrôle pour justifier une plainte pénale en contrefaçon.
Rapidement, un autre tracker a fait son apparition sur le même modèle. PublicBit.com est un clone d’OpenBittorrent. Il reprend exactement la même présentation, avec le même texte provocateur à l’égard des ayants droit, qui explique qu’ils ne répondront à aucune demande de filtrage de fichiers. Mais cette fois-ci, les adresses IP ne correspondent pas aux serveurs connus de The Pirate Bay. D’ailleurs, alors que l’on peut substituer le tracker de The Pirate Bay par celui d’OpenBittorrent de manière transparente dans les fichiers .torrent, l’utilisation de l’adresse http://tracker.publicbt.com:80/announce ne renvoie selon nos essais à aucun seed sur les fichiers trackés par TPB. Il s’agit donc bien de deux trackers indépendants l’un de l’autre. Pour le moment…
Créé le 5 juillet 2009, le domaine renvoie à un serveur hébergé à Amsterdam. Il est enregistré au nom de PrivacyProtect.org, un prête-nom destiné à protéger l’identité du vrai titulaire du nom de domaine. Mais il fait peu de doutes qu’il est lié à OpenBitTorrent. Il utilise d’ailleurs la même technologie, Opentracker, et utilise un logo très semblable.
Par ailleurs, un troisième tracker devrait bientôt être ouvert, cette fois par un autre site majeur de liens BitTorrent. Selon NewTeeVee, OpenBitTorrent et ce tiers mystérieux seraient en train de travailler à un mécanisme de connexion sécurisée entre les deux trackers, dans le but de synchroniser leurs données pour que chaque tracker duplique les données du voisin. A terme, le procédé pourrait aboutir à un réseau P2P de trackers, à l’image des serveurs Usenet (les newsgroups) qui ont les mêmes attributs de duplication automatique de leurs contenus. Si un tracker est fermé, son contenu est immédiatement disponible sur un autre…
Ne restera plus alors qu’à faire la même chose pour les moteurs de recherche. Et notre petit doigt nous dit que c’est déjà dans les tuyaux…
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