« Une [Tesla] Model S et une [Tesla] Model X, à ce stade, peuvent conduire de manière autonome avec plus de sécurité qu’une personne. Dès maintenant. » Elon Musk a-t-il vraiment dit cette phrase ? Pour les avocats du patron de Tesla, ces mots pourraient venir d’un deepfake. C’est en tout cas l’excuse utilisée par sa défense lors d’un procès, le mercredi 26 avril 2023, couvert par Reuters.
Elon Musk est attaqué en Californie par la famille d’un homme décédé dans un accident de voiture avec sa Tesla. Selon la famille du défunt, Walter Huang, il serait mort à cause d’un problème avec le logiciel de conduite automatique de la voiture. Selon le constructeur, l’accident aurait eu lieu pour une autre raison : Walter Huang, en train de jouer à des jeux vidéo sur son téléphone au moment du crash, n’aurait pas respecté les consignes de sécurité.
D’après la famille de Walter Huang (et d’autres sources), Elon Musk aurait bien prononcé la fameuse phrase vantant l’autonomie et la sécurité de véhicules Tesla lors d’une conférence en 2016. Pour les avocats de Tesla, il s’agirait d’un deepfake.
Elon Musk a bien prononcé cette phrase
On retrouve facilement la source originale de la phrase. Elon Musk l’a prononcée lors d’une conférence organisée par Recode en 2016. L’entièreté de l’interview, qui se déroulait en public, a été publiée sur YouTube, où elle a été vue 3,7 millions de fois en 6 ans. Le passage lors duquel Elon Musk prononce la phrase survient au bout de 1h19. Dès lors, il semble difficile d’affirmer l’absence de preuve que la phrase a bien été dite.
Pourtant, selon les avocats de Tesla, Elon Musk serait incapable de se souvenir d’avoir prononcé cette phrase, ce qui mettrait en doute la véracité de la vidéo. « [Elon Musk], comme beaucoup de personnes, est l’objet de nombreuses vidéos et enregistrement sonores deepfake, qui le représentent en train de dire ou de faire des choses qu’il n’a jamais dites ou faites », a indiqué Tesla.
Les deepfakes sont des vidéos réalisées à l’aide d’intelligence artificielle, et qui permettent d’altérer les faits représentés dans des enregistrements. Les premiers deepfakes étaient surtout utilisés à des fins pornographiques, les créateurs mettant les têtes de stars sur les corps d’actrices de films X afin de créer de fausses sex tapes. Depuis, leur utilisation a pris une tournure plus politique, notamment avec la guerre en Ukraine : un deepfake du président Volodymyr Zelensky, appelant à la reddition, est devenue viral en mars 2022.
Si les deepfakes sont de plus en plus courants, les vidéos sont relativement récentes et les médias analysent rapidement leur provenance. Dans le cas d’Elon Musk, le fait qu’il puisse s’agir d’un deepfake est particulièrement improbable : la vidéo dans laquelle il prononce la phrase date de 2016, période à laquelle la technologie était encore peu développée. Il s’agit de plus d’une conférence, dans laquelle on voit interagir de nombreuses personnes différentes. Il parait invraisemblable de dire qu’il pourrait s’agir d’une fausse vidéo.
Pourtant, c’est bien la défense que les avocats de Tesla ont choisie. En réponse, Evette Pennypacker, la juge chargée du procès, a ordonné à Elon Musk d’enregistrer une déposition. Il devra y dire sous serment s’il a bien prononcé cette phrase. Selon elle, les déclarations de Tesla seraient « profondément troublantes », rapporte Reuters.
« Leur argument est que, comme M. Musk est connu et pourrait être une cible pour les deepfakes, ses déclarations publiques sont exemptes », a-t-elle écrit. Elle déplore aussi le fait que de tels arguments pourraient éviter à Musk et à d’autres personnes de « rendre des comptes sur ce qu’ils disent et ce qu’ils font ». On a longtemps cru qu’avec les deepfakes, il serait de plus en plus dur de discerner la vérité, à cause des personnes malintentionnées qui s’en serviraient pour désinformer. Cette situation montre bien qu’il n’y a pas toujours besoin de deepfake pour remettre en doute les faits.
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