Une campagne contre le sexisme et le harcèlement sur Internet a été lancée par un collectif ce week-end. Celui-ci réclame des actions fortes de Twitter contre ceux qui profèrent des insultes sur son service.

2016 sera-t-elle l’année du sursaut tant attendu de Twitter contre le sexisme qui sévit sur sa plateforme ? C’est ce qu’espère ardemment un collectif baptisé FeminismVsCyberBully (Féministes contre le cyber-harcèlement). Dimanche, une opération de sensibilisation a été lancée sur le réseau social dans le but d’alerter la firme américaine, accusée de « laxisme », mais aussi les autres utilisateurs, via un mot-clé inventé pour l’occasion.

C’est en effet avec le hashtag #TwitterAgainstWomen que le collectif cherche à provoquer une réaction de Twitter en le mettant directement en cause. « En ne mettant aucun moyen en œuvre pour prévenir et arrêter ces attaques, Twitter se fait complice de la culture du viol qui incite à la haine et humilie les victimes », pointe ainsi le communiqué, qui n’accorde pas de crédit aux affirmations victorieuses de la société contre les trolls.

https://twitter.com/VsCyberB/status/683642165336084480/photo/1

« Quand les victimes se décident à agir, elles se heurtent à la passivité de Twitter et des autorités françaises compétentes qui se rejettent automatiquement la responsabilité l’une sur l’autre », poursuit le collectif, qui relève l’existence d’un racisme latent derrière cette parole sexiste libérée. Les femmes noires et maghrébines sont « tout particulièrement » visées par les attaques, affirment les responsables du mouvement.

Appelant Twitter à faire face à ses responsabilités, le collectif invite aussi les autres usagers à le rejoindre en affichant leur solidarité, en changeant d’avatar ou en affichant une autre bannière. Les membres de Twitter sont aussi invités à contacter en privé le collectif pour signaler des cas de cyber-harcèlement ou des messages diffusant sans autorisation des médias montrant l’intimité d’une personne.

Préoccupation française et onusienne

Lorsqu’elle était en poste au sein du ministère des droits des femmes il y a trois ans, Najat Vallaud-Belkacem avait dit vouloir « exclure du champ de la liberté d’expression » sur Internet tous les propos qui incitent à la haine, y compris les propos « sexistes ». À l’époque, elle avait déjà souhaité que Twitter fasse un effort particulier, en évoquant des dispositifs concourant à la lutte contre les infractions en matière de provocations ou d’injures.

À l’échelle internationale, la question du sexisme sur Internet préoccupe aussi les grandes instances comme l’Organisation des Nations Unies. L’Entité des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes) a lancé en 2013 une campagne de sensibilisation en prenant Google Suggest comme cas pratique et en en détournant les résultats.

Plus récemment, c’est un rapport de la Commission des Nations Unies sur le Haut Débit qui s’est alarmé du harcèlement et des autres formes de violences subies par les femmes sur Internet. Le document demande ainsi aux acteurs privés d’agir plus fermement pour retirer les contenus qui peuvent décourager les femmes de participer au développement de la vie sociale et économique sur Internet.

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