Vous êtes chez Orange ou Sosh et vous ne parvenez plus à accéder à Uptobox ? C’est parce que la plateforme de partage de fichiers fait l’objet d’une mesure de blocage de la part du fournisseur d’accès à Internet, en empêchant ses clients d’y accéder. Il ne s’agit pas d’une décision arbitraire de l’opérateur, mais de sa mise en conformité avec une décision de justice.
C’est ce que rapporte L’Informé dans son édition du 15 mai 2023. Le jugement a été rendu le 11 mai par le tribunal judiciaire de Paris. Il impose au FAI de prendre les mesures adéquates pour empêcher ses abonnés, sur mobile ou dans le fixe, de se connecter au site. Celui-ci est accusé de longue date d’être une plaque tournante pour des fichiers piratés, comme des films et des séries.
Cette plateforme est bien connue des adeptes du téléchargement illicite. Son nom apparaissait, par exemple, déjà en 2013, dans des enquêtes conduites pour la Hadopi pour sonder la pratique du téléchargement direct, en remplacement du peer-to-peer (P2P), méthode ciblée par la riposte graduée. Les internautes envoient des fichiers puis se partagent les liens de téléchargement.
Un site fréquenté par les adeptes du piratage de films et de séries
À plusieurs reprises, Uptobox a été confronté à des difficultés dans le cadre des efforts des ayants droit de lutter contre le piratage. En 2012, PayPal et Google bloquaient les finances du service français. Deux ans plus tard, le service était masqué du moteur de recherche Google, en France (il est toutefois possible de le retrouver avec certaines requêtes).
En 2022, la plateforme était citée dans un document de l’industrie du cinéma aux États-Unis (la MPA — Motion Picture Association) comme un service problématique, au même titre que des sites comme 1Fichier, Streamtape, Mixdrop. De façon générale, l’industrie observe que ces sites « ne répondent pas aux demandes de retrait » des contenus sous droit d’auteur.
« Il est largement utilisé par les sites pirates en Europe, ce qui génère des revenus pour les opérateurs d’Uptobox/Uptostream, soit par l’utilisation du lecteur vidéo d’Uptostream (qui affiche des publicités pour lesquelles Uptobox/Uptostream sont rémunérés), soit par des liens de téléchargement qui diffusent des publicités ou des logiciels malveillants », notait la MPA.
Uptostream est le pendant d’Uptobox dans le streaming, qui s’appuie sur les outils d’hébergement du second. « Le site propose un compte premium relativement bon marché pour 28 dollars par an, avec un stockage illimité et sans publicité », relevait la MPA. Selon SimilarWeb, Uptobox recevait un peu plus de 10 millions de visiteurs uniques en août 2022.
Un blocage des quatre grands FAI
Les internautes accédant à Uptobox avec un autre opérateur n’ont aucune raison de se réjouir : l’ordre de blocage prononcé par le tribunal concerne également les trois autres grands FAI que sont SFR, Free et Bouygues Telecom. Le blocage sera effectif partout d’ici à quelques jours. L’immense majorité des Françaises et des Français accède à Internet via ces quatre entreprises.
Sur son compte Twitter, Uptobox s’est ému du blocage d’Orange sans toutefois lier l’évènement à cette décision de justice. « Orange aurait pris la décision de rendre inaccessible nos services à leurs clients, sans nous aviser, et de leur propre initiative. Les utilisateurs d’Orange sont simplement redirigés vers 127.0.0.1 », écrivait le site dans un tweet du 15 mai.
Dans un second message, Uptobox a interpellé Orange et Sosh, en les invitant « cordialement à remédier à cette situation dans les plus brefs délais, et à rétablir l’accès à nos services sur l’intégralité de nos domaines et de votre réseau ». Une requête qui restera lettre morte, compte tenu des instructions judiciaires auxquelles Orange et Sosh doivent se plier.
De nombreux autres messages d’Uptobox concernent des instructions pour changer ses DNS sur l’ordinateur ou sur le mobile. C’est par ce procédé — le blocage par DNS — que les FAI agissent la plupart du temps. Il s’agit d’une mesure qui réoriente les internautes : au lieu de les envoyer vers le site demandé, ils tombent sur une page vide ou sont redirigés ailleurs.
Changer ses DNS n’est pas un procédé illicite. Cependant, c’est un geste technique qui n’est pas connu ou maîtrisé par la grande majorité des individus. Cela requiert d’aller dans les paramètres de la machine et d’utiliser un autre registre DNS que celui fourni de son opérateur. Les autres registres DNS ne sont pas forcément liés à la décision de justice.
Selon L’Informé, l’action contre Uptobox a été portée par plusieurs organisations du cinéma. Six noms de domaine sont ciblés par la mesure de blocage, outre l’adresse principale en « .com ». Pour contourner le blocage, Uptobox pourrait être tenté de prendre de nouveaux noms de domaine. Un effort potentiellement vain : les sites miroirs sont désormais de plus en plus pris pour cible.
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