Alors que l’idée est avancée même par une partie de la droite, la secrétaire d’État au numérique Axelle Lemaire a assuré que le revenu de base était une piste envisagée par le gouvernement. En tout cas, des réflexions ont lieu pour imiter la Finlande qui lance une expérimentation régionale.

C’est une vielle idée vue comme utopique, qui revient avec force sous les craintes que la révolution numérique ne soit responsable d’un chômage endémique aggravé par les progrès de l’intelligence artificielle et de l’automatisation des tâches. Avec un « revenu de base » qui remplacerait l’empilement des aides et des minimums sociaux conditionnés à des ressources, il deviendrait possible d’assurer les besoins des citoyens qui ne travaillent pas pour une activité commerciale, financée par un prélèvement sur les revenus de l’automatisation. Ceux qui souhaitent compléter leurs ressources par une activité rémunérée pourraient toujours le faire.

Le Conseil national du numérique (CNNum) n’avait pas hésité à lever le tabou du revenu de base dans un rapport remis au ministère du travail en début d’année, qui prévenait qu’il est « indispensable d’affirmer que la période que nous traversons est celle d’une évolution systémique, exceptionnelle et rarement connue dans l’histoire de l’humanité ». De fait, l’idée déjà testée hors d’Europe deviendra une réalité en Finlande à partir de 2017, où un revenu universel de 800 euros par mois sera versé à tous les résidents du territoire quelle que soit leur situation, dans une région particulièrement impactée par le chômage.

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Frédéric Lefebvre (Les Républicains), auteur d’un amendement sur le revenu de base

Une idée qui séduit aussi à droite

L’idée n’est pas d’extrême gauche. Pour preuve, plusieurs députés Les Républicains dont les anciens ministres Frédéric Lefebvre et Maurice Leroy ont déposé un amendement au projet de loi numérique d’Axelle Lemaire, qui propose que le gouvernement remette un rapport sur l’instauration d’un revenu de base en France. « Ce rapport comprend(rait) une étude de faisabilité macro-économique, une étude d’impact comparative des différentes approches de cette proposition, ainsi qu’une analyse des expérimentations en cours, internationales et locales, d’un tel revenu de base », écrivent les députés, très inspirés par l’initiative finlandaise.

« Ce revenu universel, versé sans contrepartie, a pour objectif de garantir à chaque citoyen les moyens de vivre modestement. Pour le gouvernement finlandais, il s’agit de lutter efficacement contre la pauvreté. Selon des hypothèses actuellement en discussion, ce revenu universel remplacerait alors toutes aides sociales en vigueur. En particulier, l’ensemble des aides au logement, aux chômeurs, aux étudiants ainsi que les pensions de retraite seraient supprimées. (…) Le projet énoncé est soutenu majoritairement en Finlande où selon les premiers sondages, 79 % de la population approuve cette idée alors que la réforme est également bien reçue par 69 % des députés ».

Lors des débats en commission, une proposition similaire venue de la gauche (redéposée pour la plénière) avait été rapidement discutée, et mise à l’écart par Axelle Lemaire. Mais pas pour une opposition au fond. « Le revenu de base constitue effectivement un sujet très important, parfois considéré comme une réponse possible à ce que l’on appelle communément l’« ubérisation » de l’économie », avait admis la secrétaire d’État au numérique.

« La réflexion est engagée au sein du Gouvernement, notamment par la ministre du travail ; des députés y travaillent également, en particulier Christophe Sirugue, qui s’est vu confier la mission de réfléchir à l’efficacité et à la lisibilité de certaines dispositions, notamment celles relatives aux minima sociaux ». La secrétaire d’État avait alors rejeté la proposition d’un rapport gouvernemental, par souci de ne pas « multiplier les instances de réflexion ».

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