Numerama.com : Le Parti Pirate réalise 2 % des voix pour sa première participation à des élections. Que pensez-vous de ce résultat ?
Maxime Rouquet : Ce résultat est un message très fort, adressé à l’ensemble de la classe politique, et en particulier à ceux qui soutiennent des lois comme HADOPI. Il faut regarder ce score de 2,08% en le comparant aux 0,6% du Parti Pirate sudéois et au 0,3% du Parti Pirate allemand à leurs premières élections législatives. Le premier a obtenu 7,1% des suffrages et gagné un député aux dernières élections européennes, et en Allemagne des parlementaires quittent leur parti d’origine pour rejoindre le Parti Pirate du pays…
De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer tous les problèmes de lois comme HADOPI, qu’il s’agisse de citoyens, d’artistes, d’associations ou de collectifs, mais la majorité des députés ont ignoré les critiques. Ils ont voté pour un texte qui met en place une répression massive basée sur l’adresse IP (qui n’est pas une preuve). Ils ont voté pour un texte qui porte atteinte aux libertés d’expression et de communication en coupant l’accès à Internet, reconnu droit fondamental par le Parlement Européen puis le Conseil Constitutionnel. Ils ont voté pour un texte qui va demander aux citoyens, accusés sans preuve valable, de prouver leur innocence en installant un logiciel espion sur leurs machines, logiciel qui en plus sera payant, propriétaire et tournera uniquement sous Windows.
Dimanche, les habitants de la dixième circonscription des Yvelines ont prouvé que les choix des candidats sur les thèmes défendus par le Parti Pirate, et notamment sur la loi HADOPI, sont au moins aussi importants pour les français que pour les citoyens des autres pays. La classe politique dans son ensemble connait maintenant le poids qu’auront les valeurs défendues par le Pari Pirate dans les urnes. Le Parti Pirate est donc très satisfait de cette première candidature.
Nous remercions toutes celles et tous ceux qui nous ont apporté leur soutien.
L’abstention a été très forte au premier tour, avec seulement 23 % de taux de participation. Quelle influence cette abstention a pu avoir sur votre score ? Comment convaincre vos partisans d’aller voter ?
MR : L’abstention n’était pas une surprise, la plupart des habitants appelés à voter n’étaient même pas au courant du vote quelques jours avant le scrutin, beaucoup l’auront même appris après. Il serait très hasardeux de vouloir évaluer à quel point la faible information autour de ces élections nous a desservi. Néanmoins nous sommes confiants en l’avenir, et nous sommes persuadés que plus les français apprendront nos motivations, plus ils nous soutiendront. Nous avons prouvé que le Parti Pirate avait sa place dans le paysage politique.
Vous n’avez pas souhaité appeler explicitement au soutien du candidat des Verts au second tour, pourquoi ?
MR : Les Verts ont le positionnement le plus proche du notre sur la majorité des sujets qui nous préoccupent. Et Anny Poursinoff a clairement exprimé son opposition à la loi HADOPI lors de son discours dimanche soir après l’annonce des résultats. Mais son opposant Jean-Frédéric Poisson se déclare également contre HADOPI et rappelle qu’il n’a pas voté pour la loi (Il s’est abstenu pour HADOPI 1 et ne s’est pas présenté au vote de HADOPI 2 mardi dernier).
Le Parti Pirate tient à son indépendance et à ne pas prendre position dans un débat gauche/droite. Dans ces conditions, nous souhaitons encourager la démarche de députés qui, comme Jean-Frédéric Poisson, s’expriment contre la loi HADOPI. Nous avons donc choisi de ne pas nous prononcer contre le candidat de l’UMP.
Nous laisserons à nos électeurs le soin de décider si son opposition à la loi HADOPI les satisfait, et si le fait qu’il se soit abstenu est suffisant sur ce sujet.
Un fait certain est que si Jean-Frédéric Poisson et Anny Poursinoff sont au coude-à-coude, comme cela semble se profiler, le report des voix de nos électeurs sera décisif. S’ils permettent au candidat UMP de conserver cette circonscription, qui devait être gagnée d’avance, ce sera grâce à son opposition à la loi HADOPI. En revanche, s’ils soutiennent massivement la candidate des Verts, ce ne sera pas un désaveux de Jean-Frédéric Poisson, mais avant tout de la majorité présidentielle, de sa politique, et des lois comme HADOPI.
Comment s’est déroulée la campagne sur le terrain, vis à vis des électeurs et des autres candidats ?
MR : Nous avions très peu de moyens, nous n’avons même pas pu organiser de distribution de tracts, et les électeurs n’ont reçu que des bulletins de vote avec nos noms, notre parti et notre logo, sans aucun élément de notre programme.
Nous avons eu au final très peu de contacts avec les électeurs autrement que sur Internet : par mail, sur notre forum, ou encore dans les commentaires de notre blog. Les deux réunions publiques qui ont eu lieu à Rambouillet nous ont cependant permis de découvrir que plusieurs citoyens sont tout aussi préoccupés que nous par les sujets qui nous sont chers. Ce qui s’est vu confirmé hier.
Les autres candidats ont d’abord manifesté beaucoup de curiosité à notre égard, quelques-uns nous ont approchés pour connaitre plus en détail notre programme et notre démarche. Nous sommes des citoyens et non des politiciens, et notre candidature a surpris. Depuis notre bon résultat, les contacts se sont multipliés, et les idées que nous défendons intéressent maintenant les différents camps, qui sauront dorénavant l’importance de nos électeurs…
Quelles leçons tirez-vous de ce scrutin pour l’avenir ?
MR : Nous avons prouvé que nos idées comptent. La loi HADOPI s’est invitée dans la campagne du second tour, et un député de l’UMP dans un bastion inamovible pourrait perdre sa place pour n’avoir pas voté contre, suivant le vote de nos électeurs. Il y a un message très fort à entendre pour tous ceux qui s’exprimeront à l’avenir, et dès demain, sur des lois comme HADOPI.
Sur un plan plus pratique, nous allons devoir améliorer le fonctionnement du Parti Pirate pour qu’il puisse s’agrandir et accueillir de nombreux membres. Les adhésions seront ouvertes dans les tous prochains jours.
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