Dans une interview suivant le scrutin du premier tour des élections législatives partielles dans la 10ème circonscription des Yvelines, le candidat du Parti Pirate a expliqué à Numerama pourquoi il ne donnerait pas de consigne de vote pour le second tour. « Les Verts ont le positionnement le plus proche du notre sur la majorité des sujets qui nous préoccupent. Et Anny Poursinoff a clairement exprimé son opposition à la loi HADOPI lors de son discours dimanche soir après l’annonce des résultats. Mais son opposant Jean-Frédéric Poisson se déclare également contre HADOPI et rappelle qu’il n’a pas voté pour la loi (Il s’est abstenu pour HADOPI 1 et ne s’est pas présenté au vote de HADOPI 2 mardi dernier)« , nous confiait ainsi Maxime Rouquet. « Le Parti Pirate tient à son indépendance et à ne pas prendre position dans un débat gauche/droite« , résumait-il.
Le scrutin au second tour s’annonce très serré, avec un candidat UMP qui rassemble près de 44 % des voix et peut compter sur le ralliement d’une parti des électeurs FN (4,03 %) et du Parti de la France (3,08 %), et une candidate des Verts arrivée à un peu plus de 20 % des voix, qui peut compter sur le ralliement des électeurs de gauche pour approcher les 50 % nécessaires au renversement de l’ancien fief de Christine Boutin. Dans cette tentative, les voix du Parti Pirate peuvent compter cher.
C’est ce que regrette parmi d’autres Frédéric Couchet, délégué général de l’April, ancien président de la FSF France (deux organisations de défense du logiciel libre), et ancien membre des Verts. Sur son blog, Frédéric Couchet reconnaît que le score de 2 % est « un score très honorable, quoi qu’on puisse penser de ce parti et de son programme« . Mais il reproche au Parti Pirate de manquer de courage. « Franchement, la position du Parti Pirate me laisse perplexe. C’est un peu mou pour des » pirates « , version » on va vous aborder s’il vous plaît » comme me le souffle un ami :)« , écrit-il. Il rappelle en effet que le candidat UMP Jean-Frédéric Poisson contre lequel le Parti Pirate ne veut pas ouvertement s’opposer pour le second tour s’est simplement abstenu lors du vote du projet de loi Hadopi 1, et ne s’est pas présenté au vote du projet de loi Hadopi 2 avant la CMP.
« Il ne faut pas chipoter sur chaque petit amendement »
« Il fait donc partie des 17 députés UMP s’étant abstenu en mai dernier mais dans le même temps 6 députés UMP votaient contre le projet de loi. Il suffirait donc de s’abstenir sur Hadopi pour que le Parti Pirate ne prenne pas une position alors que Les Verts selon les propres propos de Maxime Rouquet » ont le positionnement le plus proche du notre sur la majorité des sujets qui nous préoccupent » et que l’élu du Piratpartiet a décidé de rejoindre le groupe des Verts européens au parlement européen.«
Teymour, cofondateur du site DeputesGodillot.info et de NosDeputes.fr, va dans le même sens. « Jean-Frédéric Poisson opposant à HADOPI selon le Parti Pirate, ca fait effectivement bien rire« , se moque-t-il. « Le député Poisson était présent durant les débats sur le fond, il a voté les amendements du gouvernement sur les articles 1ter, 1ter bis et 2. Les comptes rendus citoyens du 4 mai 2009 l’attestent. Pour quelqu’un qui se dit proche des consommateurs, c’est quand même dommage d’avoir voté contre des amendements comme le 153 qui visaient à mieux les informer alors que des collègues UMP l’avaient soutenu….« .
« Nous n’avons pas pris connaissance du vote de M. Poisson et de chaque député sur tous les amendements de la HADOPI, notamment ceux à main levée qui ont été extrêmement nombreux« , répond Maxime Rouquet. « Je pense qu’il ne faut pas chipoter sur chaque petit amendement, et qu’il faut reconnaitre les efforts de chaque député qui vont dans le bon sens, particulièrement quand c’est contre son camp« , ajoute-t-il.
Maxime Rouquet confirme sa position de neutralité au second tour des élections partielles. « Nous condamnons sans réserve la politique actuelle de la majorité. Mais dans le cas d’une élection partielle, l’appel au vote n’a pas à se limiter au programme des partis et doit tenir compte de ce que propose chaque candidat individuellement, surtout quand il ne suit pas la ligne de son parti« , nous précise le candidat du Parti Pirate. « Le discours de M. Poisson nous semble très positif, pour un député de l’UMP. Donc nous ne souhaitions pas réagir comme nous aurions réagi face à un autre membre de l’UMP, qui suivrait la ligne de son parti sans protester. C’est pour cela que nous n’appelons pas à voter contre lui« .
Le Parti Pirate veut suivre la même stratégie d’alliance que le PiratPartiet, qui n’a pas rejoint un parti politique au moment des élections mais un groupe parlement, une fois leur candidat élu. « Il y a une légère confusion entre le parti français des Verts et le groupe européen du même nom« , prévient Maxime Rouquet. « Nous ne souhaitons pas nous allier au parti français des Verts, car nous tenons à rester indépendants et à ne pas être étiquetés à gauche ou à droite. Si alliance il y a avec un ou plusieurs autres partis, ce sera dans la formation d’un groupe parlementaire, comme Chritian Engström qui a rejoint le groupe des Verts au Parlement Européen, et à la condition que le groupe entier suive l’avis du Parti Pirate sur les sujets sur lesquels il s’exprime« .
Une alliance au cas par cas, en fonction des personnalités de chaque candidat, n’est pas non plus exclue. « Nous aurions évidemment soutenu Anny Poursinoff si son opposant ne se déclarait pas contre HADOPI« , nuance ainsi Maxime Rouquet.
Mais c’est justement ce que semblent lui reprocher les partisans d’Anny Poursinoff : donner davantage de poids aux paroles de son adversaire qu’à ses actes au Parlement. Et finalement, en affichant une certaine naïveté, de manquer moins de courage que d’expérience.
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