Microsoft a obtenu cette semaine un brevet qu’il avait déposé en 2003, qui permet de gérer les DRM au sein d’un réseau P2P, de manière totalement décentralisée.

Microsoft s’est vu octroyer cette semaine par le Bureau des Brevets américain un brevet sur un « système de gestion des droits numériques » qui permet d’administrer les DRM au sein d’un réseau P2P. Les inventeurs Bin Zhu, Guofei Gu et Shipeng Li avaient déposé l’idée en novembre 2003, dans la période phare du succès des réseaux P2P comme Kazaa, eDonkey/eMule et BitTorrent.

L’idée de base est assez simple. Les chercheurs ont remarqué que les systèmes de DRM traditionnels avaient une faille dans leur architecture. Puisqu’ils sont administrés de manière centralisée, il suffit que le serveur de la société qui délivre les licence d’autorisations d’accès aux contenus protégés soit inaccessible pour que l’acheteur d’un contenu ne puisse pas le lire. Rien de tel pour fâcher un consommateur et l’inciter à se diriger vers les contenus piratés, libres de toute restriction d’usage. « Cela rend le serveur de licence centralisé surchargé, complexe, onéreux à faire tourner et à maintenir, et ça en fait un maillon faible dans le système de DRM« , notent les inventeurs. Le problème s’est d’ailleurs posé concrètement depuis le dépôt du brevet, lorsque plusieurs plateformes de musique en ligne ont décidé de fermer leurs portes, et leurs serveurs DRM avec.

Les chercheurs ont donc observé les réseaux P2P et en ont décelé la clé du succès. Non pas l’absence de DRM dans les fichiers échangés, mais le fait que « les réseaux peer-to-peer offrent beaucoup de fonctionnalités désirables, comme l’adaptation, l’organisation autonome, la répartition des charges, la tolérance aux erreurs, le faible coût, la haute disponibilité, l’extensibilité, et ils peuvent être configurés pour fournir un large ensemble de ressources« . Une véritable ode aux réseaux peer-to-peer d’ordinaire conspués.

Mais selon les inventeurs, « la plupart des réseaux peer-to-peer n’ont pas de gestion des droits numériques ou de contrôle de l’accès« . En conséquence, ils estiment que « les réseaux peer-to-peer peuvent être responsables de contribuer à la violation des œuvres protégées par le droit d’auteur référencées comme étant disponibles en téléchargement sur les réseaux peer-to-peer« . Il faut donc utiliser la force des réseaux P2P pour renforcer la fiabilité des DRM et satisfaire tout le monde (sauf le consommateur, mais c’est sans doute un détail).

L’idée de « l’infrastructure d’octroi de licence publique » (ILP) proposée par les chercheurs consistent donc à décentraliser l’octroi des licences, en imitant le fonctionnement des réseaux d’échange de fichiers. Les serveurs de DRM seraient des pairs au sein des pairs dans les réseaux pair-à-pair de partage de fichiers. « Le système de DRM peut être fourni par une ILP décentralisée au sein de laquelle une pluralité de licences partielles est fournie par une pluralité d’autorités d’octroi de licences« , indique le brevet. Concrètement, lorsqu’un utilisateur a besoin d’une licence pour lire un contenu téléchargé, plusieurs « peers » lui fourniront chacun un bout de licence, de manière chiffrée pour ne pas compromettre la sécurité du système.

« Le système de DRM peut être utilisé dans un réseau peer-to-peer, et ainsi tirer profit des mécanismes de réplication et de mise en cache du réseau peer-to-peer, tout en empêchant les accès non autorisés aux contenus« , explique le brevet.

Une solution d’avenir, ou du passé ? Ce qui est certain, c’est que Microsoft n’a pas abandonné l’idée d’imposer des DRM aux consommateurs.

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