Le ministère de la culture apprend de ses erreurs. Non pas en lisant l’avis du Conseil constitutionnel, qui aurait dû le convaincre de renoncer purement et simplement à l’Hadopi, mais en se remémorant l’échec cuisant de son site de propagande pro-Hadopi Jaimelesartistes.fr. Pour mémoire, le site avait été ouvert pour soutenir le projet de riposte graduée, avec l’assurance de la part du ministère que les hackers « peuvent toujours attaquer, le site est super blindé« . Quelques heures après cette déclaration, le site était déjà hors ligne. Sous l’effet des multiples attaques DDOS, le ministère de la Culture a finalement choisi de fermer Jaimelesartistes.fr, tandis que la sénatrice UMP Muriel Marland-Militello dénonçait le « terrorisme cybernétique » des internautes pirates.
Mais ce qui a le moins plu au ministère, c’est la communication de ses prestataires auprès de la presse. « Etant ingénieur en informatique, je suis totalement conscient du caractère inapplicable de la loi, et qu’elle peut d’ailleurs nous faire courir des risques en tant qu’hébergeur Internet. Elle n’est faite que pour satisfaire les majors du disque, ou d’autres grosses sociétés ayant des intérêts dans le domaine« , avait par exemple déclaré le premier hébergeur du site, en annonçant qu’il jetait l’éponge suite aux multiples attaques DDOS ingérables à son niveau.
Le nouvel hébergeur, OVH, n’avait guère été plus conciliant à l’égard des services de Christine Albanel. « La loi Hadopi semble avoir retenu des méthodes héritées du passé alors qu’en même temps le Parlement européen émettait une proposition visant à faire de l’accès à Internet un droit fondamental« , avait ainsi regretté Octave Klaba, le fondateur du service d’hébergement, en apprenant que sa société avoit été choisie pour prendre le relais.
Pour le ministère de la Culture, il n’est plus question de se voir parasiter sa communication par ses intermédiaires techniques. Le cahier des charges de réalisation du site officiel de l’Hadopi, dont PC Inpact a pris connaissance, comprend un seul passage souligné pour marquer son importance : « en cas d’incident rendant indisponible, momentanément ou non, tout ou partie du service dû à l’Hadopi, le titulaire devra s’interdire toute communication vis-à-vis de l’extérieur et en particulier de la presse tant qu’un communiqué commun n’aura pas été rédigé. En l’absence d’un communiqué commun, l’Hadopi ou le MCC seront seuls habilités à communiquer sur cet incident« .
Le gouvernement, qui s’attend à de fortes attaques DDOS contre le site de l’Hadopi, veut totalement maîtriser sa communication en cas d’indisponibilité du site. Mais arrivera-t-elle à faire taire tous ces « professionnels de l’Internet » qui jugent presque unaniment que la loi Hadopi est déjà obsolète ? C’est moins sûr.
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