Le buralistes vont scier la branche dorée sur laquelle ils sont assis. Mercredi matin, avant que le gouvernement ne démente ses intentions de libéraliser la vente de cigarettes sur Internet, nous avions appelé le ministère du budget pour savoir s’ils avaient l’intention d’imiter le projet de loi sur les jeux en ligne. Il nous paraissait en effet cohérent de bloquer les sites de vente de cigarettes qui ne respecteraient pas certaines conditions fiscales et sanitaires, ce qui avait été décidé et donc jugé possible pour les jeux d’argent. Mais le gouvernement avait botté en touche en démentant son intention d’autoriser la vente de cigarettes à distance, pour des raisons de santé publique. Ce faisant, il protégeait le lobby des buralistes, dont le monopole est préservé, en concédant implicitement que le filtrage des sites de vente de cigarettes ne serait pas assez efficace pour assurer la sécurité des citoyens. On change d’avis en fonction des intérêts.
Mais les buralistes n’ont visiblement pas compris la stratégie du gouvernement. Jeudi, devant environ 500 buralistes réunis lors de leur congrès annuel à Paris, le président de la Confédération des buralistes Pascal Montredon a cru utile de rebondir sur la polémique pour demander le filtrage des sites de vente de tabac. Il souhaite, comme le prévoit dans son domaine la loi sur les jeux en ligne, le blocage des sites Internet qui vendent des cigarettes, et des transactions bancaires correspondantes.
Il demande « l’obligation pour les fournisseurs d’accès de déconnecter les sites contrevenants, accompagnée d’une exigence officielle auprès des banques de blocage des flux financiers correspondants« . Selon lui, près d’un quart des cigarettes consommées en France sont issues de la vente à distance ou de la contrebande.
Or si le gouvernement accède à cette demande de filtrage, il n’aura plus aucune raison de prétendre interdire la vente de cigarettes en raison de « la politique de santé publique du Gouvernement« . Il suffirait de n’autoriser la vente en ligne de cigarettes qu’aux sites qui respectent certaines conditions sanitaires vérifiées par l’administration, et qui obéissent aux règles fiscales d’imposition des cigarettes en France. Les autres seraient bloqués. L’Etat sera probablement gagnant, mais pas les petits buralistes qui n’arriveront jamais à lutter contre les prix pratiqués par les plus gros sites légaux, capables de miser sur le volume pour négocier des prix plus bas.
En tout état de cause, même si elle est suicidaire à long terme, la proposition des buralistes montre comment tous les groupes d’intérêts vont s’engoufrer dans la porte du filtrage ouverte par la loi sur les jeux en ligne. Il n’a pas fallu attendre longtemps.
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