Mise à jour : Le président allemand Horst Köhler a refusé de promulguer la loi Internet Restriction Act qui devait servir de base juridique au blocage de sites Internet, notamment pédopornographiques. Selon le Spiegel, Köhler aurait demandé un « complément d’information », manière diplomatique de geler la loi dont le gouvernement avait de toute façon demandé qu’elle ne soit pas appliquée. Selon les médias allemands, le texte est bel et bien mort-né et le Parlement devrait entériner l’abandon du texte. Un signal fort qui tombe mal pour la France, dont le ministre de l’intérieur Brice Hortefeux a annoncé qu’il ferait voter à partir de fin janvier la loi Loppsi, qui prévoit le même type de filtrage du net.
Article du 22 octobre 2009 – L’Allemagne ne suivra pas le même chemin que l’Australie, et ne montrera donc pas la voie à la France au moment d’adopter la loi Loppsi. Selon l’Association françaises des Fournisseurs d’Accès (AFA), dont PC Inpact révèle un e-mail envoyé à ses membres, « le gouvernement allemand a décidé de ne pas exécuter « the Internet Restriction Act » pendant au moins un an« . Très contesté, le projet de loi qui avait donné lieu à des manifestations (et à une bavure) prévoyait de donner à l’administration le pouvoir d’imposer aux FAI de bloquer l’accès à des sites, dont la liste établie par la police n’aurait pas été vérifiée par l’autorité judiciaire.
Confronté à la réalité des faits, le gouvernement allamend a finalement « reconnu que le blocage n’était pas efficace lorsqu’il sert à restreindre l’accès des contenus d’abus sexuels sur mineurs hébergés en dehors de l’Union Européenne« . D’abord parce que le filtrage est inefficace sur un plan technique à empêcher les pédophiles d’accéder aux contenus par divers biais, ensuite parce que les visites involontaires vers les sites hébergeant de tels contenus sont « pratiquement inexistantes » (il est temps de le dire), et enfin parce que c’est prendre un fusil pour tuer une mouche.
On se souvient qu’un bloggeur allemand, Alvar Freude, avait réalisé cet été un script qui envoyait automatiquement une demande de retrait de contenus aux hébergeurs des sites bloqués. Sur 348 hébergeurs contactés, 250 avaient répondu, et 61 avaient retiré le contenu illicite en moins de 12 heures. Preuve que le dialogue était plus efficace que le filtrage. L’expérience a visiblement été menée à plus grande échelle, avec des résultats spectaculaires. « D’après les études menées en Allemagne (et encore en cours), sur 8000 URLs contenues dans les listes noires présumées de la police, seuls 110 sites web contenaient des images d’abus sexuels sur mineurs et des images érotiques de mineurs, et après notification à l’hébergeur, seulement 7% de ces contenus illégaux, hébergés dans des pays non-membres d’Inhope, étaient encore en ligne après 14 jours (alors que la plupart des contenus notifiés ont été supprimés dans les 48h après notification)« , note l’AFA.
En clair, et c’est un énorme sujet d’inquiétude, sur 8000 adresses référencées par la police sans contrôle judiciaire, seules 1,37 % des URL avaient un vrai caractère pédophile ! Et sur ces 1,37 %, 93 % ont été retirés en moins de deux semaines. Dit autrement, l’extrême majorité des contenus signalés par la police sont soit légaux, soit régulés par les hébergeurs eux-mêmes qui acceptent de supprimer les contenus dès notification, même lorsqu’ils sont à l’étranger. Aucun besoin de filtrage, à la fois coûteux, inefficace et injuste.
Comme le demandent en Australie les associations de protection de l’enfance, ça n’est pas avec le filtrage qu’on protège les enfants, mais en chassant les pédophiles.
Puisse la France entendre aussi raison, et arrête de prétendre que le filtrage « protège les internautes« .
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