C’est un document qui semblait vrai et qui reprenait tous les codes d’un communiqué du ministère de l’Intérieur. Il était daté du 2 juillet et annonçait de prétendues nouvelles mesures « pour prévenir les troubles à l’ordre public ». À partir du 3 juillet, à en croire cette annonce, des coupures Internet ponctuelles allaient cibler certains quartiers sensibles.
Il s’avère que tout ceci est faux. C’est ce qu’a pu confirmer dès le 2 juillet 2023 David Dufresne, journaliste spécialisé dans les violences policières, auprès du service de presse de la police nationale. Le ministère de l’Intérieur a également publié un message pour démentir les mesures décrites dans ce document, dont l’origine est incertaine.
Le document annonçait « des restrictions temporaires appliquées à l’accès à Internet dans certains quartiers spécifiques pendant les heures nocturnes. Ces restrictions visent à prévenir l’utilisation abusive des réseaux sociaux et des plateformes en ligne pour coordonner des actions illégales et inciter à la violence ». Les quartiers spécifiques n’étaient pas cités.
Quelques exceptions étaient promises : les services essentiels (hôpitaux, services d’urgence, infrastructures techniques), ainsi que les liaisons téléphoniques, pour continuer à joindre les services de secours ou ses proches. « Les opérateurs de téléphonie mobile et fixe continueront d’assurer leurs services sans interruption », était-il indiqué.
Ce faux communiqué a circulé sur les réseaux sociaux, comme une preuve de plus du virage toujours plus sécuritaire et autoritaire du gouvernement. Une situation que David Dufresne a analysée justement comme un révélateur d’une trajectoire : « si la fake news avait pris, c’est aussi parce qu’elle était, en quelque sorte… plausible. C’est aussi à ça qu’on mesure les attaques faites à nos libertés. »
« Une poubelle à ciel ouvert »
Lundi 3 juillet, la question a été indirectement posée par Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice. Il était interpellé sur la perspective de fermer Snapchat et TikTok quelques jours, des réseaux sociaux qui n’existaient pas en 2005 lors des précédentes grandes émeutes de banlieue. Ce qui est entendu par « fermer » n’a pas été précisé : il pourrait s’agir d’un blocage.
Le garde des Sceaux n’a pas évoqué cette perspective, se limitant à un propos plus général : « Qui hurlerait à la privation de libertés et qui dirait que nous sommes des gens qui s’assoient totalement sur les grands principes ? Que dirait-on ? », a-t-il répondu, tout en suggérant que cela serait possible, sans dire comment et dans quelle proportion.
« Supprimer les réseaux sociaux, c’est aussi envisager qu’il n’y ait plus de débat. C’est aussi un vecteur de débat démocratique, mais c’est aussi une poubelle à ciel ouvert et il faut que l’on puisse intervenir », a-t-il ajouté, en reconnaissant que « les choses ne sont pas aussi simples que cela ». La priorité, toutefois, c’est de faire retirer les contenus litigieux et d’identifier leurs auteurs.
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