Le ghosting, ça veut dire quoi ?
Il vient du terme anglais « ghost », qui signifie « fantôme ». Depuis une dizaine d’années, le ghosting est entré dans le langage courant pour évoquer nos relations. Ghoster, c’est faire le fantôme, en arrêtant de répondre à un proche sans explications. Il y a le petit ghosting, où l’on oublie simplement de répondre à un message, et le ghosting qui peut avoir plus de conséquences, où l’on coupe les liens d’un coup avec un être cher, sans avertissement.
Comment écrit-on ghosting ?
Le ghosting est un terme anglais qui est utilisé dans sa version anglaise. L’orthographe ne diffère donc pas.
Le ghosting s’est popularisé avec le développement des applications de rencontres, comme Tinder, Grindr ou OkCupid. Il semble plus facile de cesser de répondre à une ou un crush qui ne nous plait plus que de lui expliquer pourquoi, en écrivant de longs paragraphes. Au point que certaines de ces apps ont mis au point des méthodes pour lutter contre le ghosting. S’il peut être compréhensible de vouloir ghoster, lorsque l’on fait face à des comportements sexistes ou du harcèlement, par exemple, d’autres fois, le ghosting risque aussi déshumaniser et blesser la personne concernée.
Quand le ghosting blesse
Le ghosting n’est pas un comportement marginal, loin de là. Bon nombre d’entre nous se sont déjà fait ghoster ou ont ghosté au moins une fois dans leur vie. Sur les réseaux sociaux, des internautes se confient sur les difficultés psychologiques ressenties après un ghosting, au point que certains en parlent comme d’un « traumatisme » qui serait aujourd’hui presque normalisé : « vous brisez des gens sans le savoir », écrit ainsi une utilisatrice de Twitter.
D’après Royette T. Dubar, professeure de psychologie à la Wesleyan University, a bien des conséquences sur la santé mentale de celles et ceux qui en sont victimes. En s’appuyant sur l’étude de son équipe de recherche auprès d’étudiants, elle a pu constater qu’après un ghosting, ceux-ci pouvaient ressentir de la confusion et du rejet. « Une partie du problème réside dans le manque de clarté — le fait de ne pas savoir pourquoi la communication s’est brusquement arrêtée », précise la professeure. Cela peut même engendrer de la paranoïa.
Sur le long terme, les conséquences sont bien plus désastreuses : « Notre étude a révélé que de nombreuses personnes qui ont été ghostées ont fait part d’un sentiment de méfiance qui s’est développé au fil du temps. Certains reportent cette méfiance sur leurs relations futures. Cette méfiance peut s’accompagner d’une intériorisation du rejet, d’un sentiment de culpabilité et d’un risque de sabotage de ces relations. » Autrement dit, le ghosting risque de fragiliser une personne même des années plus tard, lorsqu’elle essayera de nouer de nouveaux contacts.
Sur TikTok, des centaines de vidéos sous le hashtag #ghostinghurts et ses 63 millions de vues évoquent le sujet. De nombreux internautes s’improvisent thérapeutes et donnent des conseils sur comment réagir en cas de ghosting ou encore comment s’en remettre. « Tu ne veux pas être avec cette personne, c’est quelqu’un qui n’a pas de capacités de communication », déclare cette jeune femme dans son TikTok. Un autre utilisateur a quant à lui posté une vidéo « 4 choses que tu peux dire à la place de ghoster quelqu’un ».
Le ghosting et le paradoxe des réseaux sociaux ?
Le ghosting à l’ère des plateformes de partage et des apps de rencontre, voilà qui parait contradictoire. Nous avons l’impression de pouvoir rester constamment en contact avec nos proches, via les messageries et les posts Instagram ou TikTok, même à l’autre bout du monde. Mais, dans le même temps, il apparait plus facile pour ce même proche de nous « zapper », en nous bloquant ou ignorant nos messages. On peut se faire une ou un ami virtuel en quelques clics, mais tout peut s’arrêter avec le ghosting.
Si le phénomène peut être renforcé par la rapidité des échanges sur le web et une forme de capitalisme de l’amour avec les applications de rencontre, faut-il pour autant blâmer les nouvelles technologies ? Couper les ponts du jour au lendemain, ça existait déjà avant. Dans un article paru dans The Conversation, Marie Danet, professeure de psychologie à l’Université de Lille, précise que « la tactique de la disparition pour rompre une relation amoureuse ou amicale est une pratique ancienne ». Un nouveau terme pour une vieille pratique, donc.
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