« Uber a trouvé des alliés au plus haut niveau de l’État… L’intensité des contacts entre Uber, Emmanuel Macron et son cabinet témoigne d’une relation opaque, mais privilégiée, et révèle toute l’incapacité de notre système pour mesurer et prévenir l’influence des intérêts privés sur la décision publique. » Les conclusions du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur Uber sont corrosives.
Un an après les révélations des « Uber Files » par le Guardian et le Consortium International des Journalistes, les parlementaires ont rendu public le rapport préparé par la commission d’enquête. Le document donne raison aux journalistes et confirme l’existence d’un accord passé entre Uber et le gouvernement français.
La commission d’enquête parlementaire confirme les révélations des Uber Files
Les révélations des Uber Files ont été publiées le 18 juillet 2022 dans plusieurs articles du journal anglais The Guardian et dans d’autres médias français, comme Le Monde et Radio France. Les documents montraient que l’entreprise avait eu recours à des méthodes de lobbying très agressives pour s’implanter dans de nouveaux pays, alors qu’elle était consciente qu’elle opérait dans l’illégalité.
Emmanuel Macron était particulièrement pointé du doigt dans les articles pour son rôle dans l’installation d’Uber en France. Radio France expliquait ainsi dans son enquête qu’en 2015, alors que le président occupait le poste de ministre de l’Économie, ce dernier se serait « employé à aider l’entreprise américaine lorsqu’elle était confrontée à l’hostilité du pouvoir politique et de la justice ».
Avec son rapport, la commission d’enquête vient de donner raison aux journalistes. Après 6 mois d’enquête, 67 auditions et 120 personnes entendues, les parlementaires ont livré leurs conclusions, accablantes pour le gouvernement de l’époque. Le rapport confirme l’existence d’un accord, passé entre Emmanuel Macron et la direction d’Uber : le ministre avait négocié l’interdiction du service Uber Pop, qui permettait à tout le monde de devenir chauffeur VTC, en échange d’une baisse du nombre d’heures de formation obligatoire pour devenir officiellement chauffeur Uber. La formation était ainsi passée de 250 heures de cours à 7. Une « grande opération de manipulation », selon le rapport, cité par Le Monde.
France Info, qui a eu accès au rapport, indique aussi que le rapport confirme l’existence du polémique « kill switch », une sorte de bouton qui permettait à Uber de désactiver et de supprimer à distance les informations des ordinateurs de l’entreprise en cas de perquisition de la police — un bouton qui a notamment été utilisé en France.
Au final, « ce soutien appuyé à Uber a contribué à créer une situation aujourd’hui défavorable aux chauffeurs », écrit France Info. Les promesses de création d’emplois de l’entreprise n’ont ainsi pas été tenues. Pour la sociologue Sophie Bernard, entendue par la commission d’enquête, Uber n’aurait pas aidé les travailleurs précaires à trouver un emploi plus stable, mais aurait fait de cette précarisation un modèle, imité aujourd’hui par de nombreuses entreprises, telles que Deliveroo ou Getir.
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