Cela aurait pu se terminer tragiquement. En début de semaine, un jeune collégien de 13 ans scolarisé à Beauvais annonçait sur son blog l’intention d’en finir. Armé du fusil de chasse de son père, les poches pleines de cartouches, l’adolescent était manifestement déterminé à tuer ses professeurs, avant de retourner l’arme contre lui. Trouvant « étrange » le comportement de leur rejeton, et constatant la disparition du fusil, les parents décident alors d’appeler l’établissement, puis d’alerter la police.
Devant le déploiement conséquent de forces de l’ordre, le jeune homme a alors renoncé à son acte, abandonnant l’arme dans un champ pour se rendre ensuite dans un cybercafé où il sera appréhendé plus tard par la police. Devant un tel évènement, qui aurait très bien pu se terminer en véritable fusillade comme à Columbine en 1999, les médias se sont précipités à Beauvais pour comprendre qu’est-ce qui a bien pu motiver un élève apparemment sans histoires à franchir le rubicon.
Et sans surprise, les reportages ont alors évoqué l’influence néfaste des jeux vidéo sur le comportement du jeune garçon. Ainsi, dans son édition d’hier, France 2 présente un reportage qui se termine ainsi (à 2’57) : « dans son collège, il est décrit comme un passionné de jeux vidéo de guerre ». Même son de cloche sur Soir 3 (à 11’00) : « Considéré comme un bon élève, le collégien était aussi adepte des jeux vidéo« .
Comme de nombreux jeunes cela dit. Et pourtant, nous n’assistons pas chaque semaine à de tels faits divers. Pourtant, les deux reportages de France Télévisions laissent à penser que le jeu vidéo est à l’origine du comportement « étrange » du jeune homme. Mais à aucun moment les journalistes n’ont considéré l’étonnante facilité avec laquelle l’adolescent s’est procuré le fusil et les cartouches. Si la détention d’une arme ne peut se faire sans appartenir à un club de tir ou sans la possession d’un permis de chasse, on peut manifestement se poser des questions sur le sérieux avec lequel le père a stocké l’arme et les munitions…
France Télévisions a donc laissé entendre, sans l’accuser clairement, que le jeu vidéo pourrait bien être responsable des actes de l’adolescent. Or, à ce compte-là il faudrait alors prendre en compte l’immense influence de la culture américaine, en particulier tous les films, séries TV et autres reportages venant d’outre-Atlantique et montrant différents degrés de violence. Car si on part du principe qu’un adolescent lambda joue aux jeux vidéo, alors il n’est pas invraisemblable de l’imaginer devant sa télévision à visionner des programmes parfois inadaptés.
Mais en réalité, c’est bien souvent un mal-être qui à l’origine de ces drames. En l’espèce, le jeune garçon – en pleine période trouble de l’adolescence – était confronté à une baisse notable de ses résultats scolaires et à une réunion pédagogique qui allait visiblement s’arrêter sur son cas. Enfin, on terminera sur l’éventuel laxisme des parents quant au contrôle des jeux vidéo possédés par l’adolescent. Il existe une réglementation précise en France qui limite l’accès à certaines catégories en fonction de l’age. Dès lors, un enfant de 13 ans ne devrait pas accéder à « des jeux de guerre« .
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