Cet été, les administrateurs de The Pirate Bay avaient fait sensation en annonçant la vente prochaine de leur site web à une petite entreprise suédoise de jeux vidéo, Global Gaming Factory X. La nouvelle avait été alors diversement appréciée, d’aucuns ne comprenant pas pourquoi le champion de la lutte contre les ayants droits abandonne aussi « facilement » la lutte, alors que le site était pratiquement seul sur le front, depuis six ans, sans discontinuer.
Dépité, l’ancien porte-parole du site, Peter Sunde, avait alors expliqué : « les gens me détestent parce que nous voulons faire une pause après six ans de bénévolat à travailler [sur The Pirate Bay ndlr]. C’est plutôt injuste. Je suis ravi que les gens aient des attentes importantes, mais nous ne sommes pas beaucoup. Et nous nous sommes battus pendant longtemps. Nous avons besoin d’aide« . Et c’est vrai. Qui aurait pu tenir aussi longtemps, pour finir condamné à une amende de 5,5 millions d’euros ? Sans doute personne.
Et pourtant, une fois encore, ce sont les petits gars de The Pirate Bay qui ont mis les mains dans le cambouis, avec l’arrivée d’OpenBitTorrent. En effet, si officiellement les trois Scandinaves ne sont pas officiellement liés à ce nouveau projet, une analyse nslookup réalisée en juillet dernier nous avait alors appris que les adresses tracker.piratebay.org et tracker.openbittorent.com partageaient les mêmes adresses IP…
Mais qu’est-ce qu’OpenBitTorrent ? À la différence des trackers plus traditionnels, OpenBitTorrent est un système ouvert et décentralisé, c’est-à-dire qu’il n’est pas lié à un site web en particulier. « OpenBitTorrent est un tracker BitTorrent libre pour quiconque souhaite l’utiliser. Vous n’avez pas besoin de vous enregistrer, de mettre en ligne ou d’indexer un torrent où que ce soit, tout ce que vous avez à faire c’est d’ajouter l’URL de OpenBitTorrent dans votre torrent » explique ainsi la page d’accueil du projet.
En fin de compte, OpenBitTorrent a une implication très limitée dans tout le processus de téléchargement. a seule véritable mission est d’aider simplement les différents clients à se connecter les uns aux autres en se basant sur la valeur de l’empreinte (hash) du fichier. C’est tout. Le tracker n’a aucun contrôle ni aucun moyen de savoir le contenu qui est échangé. D’ailleurs, le site avait prévenu « qu’il ne répondra pas aux demandes de retraits de contenus basés sur le DMCA », pour différentes raisons :
- Nous n’avons aucun contenu ;
- Nous ne sommes pas un site BitTorrent, nous sommes juste un tracker, nous ne pouvons pas voir quel contenu est derrière un info_hash ;
- Nous n’avons aucun fichier torrent ;
- Nous ne pouvons pas vous donner les adresses IP dans une autre forme que l’usage normal du tracker – le logiciel ne le permet pas ;
- Nous ne pouvons pas vérifier vos revendications si nous n’avons pas d’autre donnée que le info_hash;
- Nous ne pouvons pas bloquer des clés info_hash sur le tracker;
- Nous n’avons aucun log ou de manières de tracer les précédentes connexions, il n’y a tout simplement pas assez de place sur les disque durs ou de ressources IO dans le monde pour faire ça (en tout cas pas dans notre budget opérationnel)
- Et enfin le plus important, nous n’avons pas le temps.
Et pourtant, malgré cette configuration bien particulière, malgré les explications fournies par les responsables du projet, malgré les études démontrant l’inutilité du combat mené par les ayants droits contre le peer-to-peer, les grands studios de cinéma hollywoodiens sont bien décidés à abattre OpenBitTorrent. Nos confrères de Torrentfreak nous informent ainsi que Portlane, un hébergeur suédois, est actuellement poursuivi pour héberger le tracker OpenBitTorrent. Pour les ayants droits, il est évident que les administrateurs de The Pirate Bay sont derrière le projet :
« OpenBitTorrent est utilisé pour le partage de fichiers, et nous suspectons qu’il s’agit là du tracker de The Pirate Bay sous un nouveau nom. En effet, OpenBitTorrent est ajouté par défaut à tous les fichiers proposés sur The Pirate Bay » a déclaré Monique Wadsted, l’avocate chargée de défendre les ayants droits dans cette nouvelle affaire. Pour soutenir ses allégations, elle a également noté que le nom de domaine a été initialement enregistré par Fredrik Neij, l’un des fondateurs du site.
Visiblement, Portlane est bien décidé à ne pas se laisser intimider. Comme l’a rappelé Torrentfreak, en début d’année, l’IFPI avait demandé à l’hébergeur de fermer plusieurs sites BitTorrent, sans succès. Cette fois encore, la société compte faire face, en s’appuyant notamment sur la liberté d’expression et sur la liberté d’information. De toute façon, au regard de la nature même du tracker, on se demande bien en quoi OpenBitTorrent serait responsable des fichiers échangés par les internautes… d’autant que manifestement, il est impossible de le savoir.
Son seul tort serait alors d’être lié à The Pirate Bay ?
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