Aux États-Unis, une jeune femme de 19 ans va faire de la prison après avoir avorté. Celest Burgess a été condamnée à 90 jours de prison par l’État du Nebraska le 20 juillet 2023, rapporte le New York Times. L’adolescente, encore mineure lorsqu’elle avait pris une pilule abortive, avait été arrêtée l’année dernière par la police de l’état avec sa mère, qui l’avait aidé à commander en ligne le médicament.
L’histoire est déjà terrible en elle-même, mais c’est également un rappel glaçant de l’importance de la cybersécurité : l’Américaine a été condamnée à cause de messages envoyés sur Facebook. Le procès laisse entrevoir un futur terriblement angoissant pour de nombreuses femmes américaines.
Condamnée après avoir avorté
Selon les juges, Celest Burgess aurait eu recours à une pilule abortive en avril 2022, alors qu’elle avait 17 ans, et qu’elle était au début du troisième trimestre de sa grossesse — après la date limite pour avoir recours à un avortement dans l’État du Nebraska. Sa mère aurait commandé en ligne des pilules abortives, et l’aurait aidé à terminer sa grossesse.
« Selon les procureurs, Celest Burgess a utilisé des pilules abortives bien après les 10 semaines autorisées par l’administration américaine », note le New York Times. Celest Burgess aurait été enceinte « de près de 30 semaines lorsqu’elle a mis fin à sa grossesse », après les 20 semaines autorisées par le Nebraska à l’époque.
Après l’IVG, Celest Burgess et sa mère auraient ensuite enterré les restes du fœtus dans leur jardin, afin de dissimuler les preuves. La police aurait été alertée peu après, et avait d’abord suspecté que le fœtus aurait été mort-né, et ensuite enterré par Celest et sa mère.
D’après le New York Times, le détective chargé de l’affaire aurait contacté la jeune fille pour lui demander la date exacte de la fin de grossesse, et aurait consulté ses messages Facebook pour lui répondre. Le policier aurait aussi « obtenu un mandat pour toute la correspondance entre la mère et la fille sur Facebook Messenger ». C’est dans ces messages qu’il aurait trouvé des références à l’avortement.
Polémique autour de l’implication de Facebook
L’enquête n’ayant pas été ouverte pour des faits liés à un avortement, Celest Burgess a été condamnée pour avoir « dissimulé illégalement des restes humains ». Sa mère, cependant, risque plus gros. Elle est accusée d’avoir « d’avoir violé la loi sur l’avortement du Nebraska, d’avoir fourni de fausses informations à un agent des forces de l’ordre et d’avoir enlevé ou dissimulé des restes de squelettes humains », précise le New York Times. Elle encourt jusqu’à cinq ans de prison.
Lors de l’arrestation de Celest Burgess, en août 2022, l’affaire avait fait polémique, notamment l’implication de Facebook, qui avait fourni les données d’une mineure à la police. Bien que le réseau social soit dans l’obligation de collaborer avec les forces de l’ordre, il peut également dans certains cas refuser d’honorer leurs demandes. Facebook s’était expliqué dans un communiqué de presse, indiquant que « rien, dans les mandats que nous avons reçus de la police, ne mentionnait un avortement », et que le mandat du juge faisait référence à « un enfant mort-né qui aurait été enterré et brûlé ».
L’histoire et la participation de Facebook dans cette enquête soulignent encore une fois l’importance de la sécurité des données. Ce n’est certainement pas la dernière fois que les forces de l’ordre demanderont des informations aux réseaux sociaux dans des enquêtes sur des avortements, et il est plus que jamais important d’utiliser des services et des messageries chiffrées de bout en bout — une option qui n’était pas active par défaut à l’époque sur Facebook Messenger.
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