C’est ce qui s’appelle ne pas savoir quoi faire de son temps et de son argent, ou partir à la chasse aux subventions en misant sur les bons sentiments. L’Organisation suisse contre l’impunité (TRIAL) et l’association Pro Juventute de protection de l’enfance et de la jeunesse dans le domaine des médias ont publié un communiqué commun pour demander aux éditeurs de jeux vidéo d’intégrer le respect des droits de l’Homme et du droit international humanitaire dans leurs jeux.
« Les jeux vidéo de guerre représentent souvent des scènes de violence et incitent les joueurs à faire preuve de violence virtuelle. Pourtant, ces logiciels ne devraient pas constituer des espaces indifférents à la loi et à l’éthique« , écrivent les deux associations. « Il serait donc souhaitable que les jeux de guerres fictifs soient régis par les mêmes normes que celles qui régissent de véritables conflits armés« .
Faut-il qu’ils respectent uniquement les normes législatives, ou aussi les normes de la nature qui veulent qu’un être humain qui reçoit une balle en pleine tête se retrouve mort écrasé sur le sol dans sa propre mare de sang ? Si le jeu est un jeu, c’est justement parce qu’il est virtuel et qu’il n’obéit pas par définition aux mêmes règles que le monde réel. Ni aux règles physiques, ni aux règles législatives. N’est-ce pas aux joueurs et aux parents de choisir le niveau de distance avec la réalité et la morale qu’ils souhaitent pour eux ou leurs enfants ?
TRIAL et Pro Juvente ont « cherché à établir si des jeux de guerre virtuels mais reproduisant des situations réelles comportent des scènes qui poussent les joueurs à enfreindre le droit international humanitaire – par ex. l’exécution de civils ou de prisonniers de guerre« .
A ce sujet, une scène du jeu Call of Duty Modern Warfare 2 (voir vidéo ci-dessus) a fait polémique récemment. Infiltré, le joueur coopère avec des terroristes russes pour massacrer des centaines de civils dans l’aéroport de Moscou. Le studio a expliqué que lors des tests du niveau, les joueurs réagissaient d’abord avec réprobation, et y allaient ensuite gaiement en réalisant qu’il ne s’agissait que d’un jeu vidéo.
Les deux associations ont ainsi examiné une vingtaine de jeux de guerre « au regard de leur compatibilité avec les dispositions universellement reconnues du droit de la guerre« . Les deux organisations regrettent que certains jeux « ne sanctionnent pas les attaques contre les personnes civiles et les biens protégés comme les églises ou les mosquées« , ou que d’autres « encouragent le recours à la torture lors des séances d’interrogatoires ou ne prohibent pas les traitements inhumains ou les exécutions extrajudiciaires« .
Elles notent cependant avec satisfaction qu’il « existe quelques jeux dans lesquels l’assassinat de civils est puni et où des stratégies de jeux plus respectueuses de ces normes sont récompensées« , et en conclut qu’il est possible pour les éditeurs de jeux vidéo de faire preuve d’imagination pour intégrer de nouvelles composantes dans leurs jeux. Par exemple, elles souhaiteraient par exemple que le Comité International de la Croix Rouge ou les tribunaux internationaux deviennent acteurs dans les jeux vidéo de guerre.
« Les jeux vidéo devraient saisir l’occasion de promouvoir ces normes plutôt que de donner l’illusion que la violence est sans limites« , concluent les associations.
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