Un accord historique. C’est ainsi qu’a été qualifié le compromis qui a été trouvé l’été dernier entre l’Iran et les grandes puissances de la communauté internationale sur l’épineux dossier du programme nucléaire poursuivi par Téhéran, mettant ainsi fin à plus de douze ans de négociations très sensibles. En théorie, il doit dissuader la République islamique de se doter de l’arme atomique.
Cet accord a été salué par beaucoup comme le triomphe de la diplomatie sur la logique militaire. Pour autant, des plans de guerre étaient évidemment élaborés dans les états-majors, au cas où il aurait fallu empêcher Téhéran d’aller plus avant dans sa politique. Et parmi les options sur la table, il était notamment question de procéder à des attaques informatiques de grande envergure.
C’est ce que révèle un documentaire, baptisé Zero Days.
Vu par le New York Times, il raconte comment les États-Unis se sont préparés à un éventuel désaccord avec le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad, alors en poste à ce moment-là et figure très conservatrice du régime. Un plan, Nitro Zeus, a ainsi été mis sur pied au cours des premières années du mandat de Barack Obama pour organiser une éventuelle action de neutralisation.
L’objectif de Nitro Zeus était de mettre à terre des infrastructures vitales afin d’affaiblir la puissance militaire de l’Iran, dont le réseau électrique, les systèmes de communication et les défenses aériennes, afin de désorganiser le pays et permettre par la même occasion à une flotte de le survoler sans risque afin de détruire les installations litigieuses, si elles n’étaient pas enterrées trop profondément.
probablement le plan de cyber-guerre le plus vaste et le plus complexe jamais créé par les États-Unis
Mais il s’agissait aussi d’empêcher certaines installations suspectes de l’Iran, à Fordo et à Natanz, de fonctionner, c’est-à-dire d’enrichir de l’uranium à des fins militaires. Cité par Buzzfeed, le réalisateur Alex Gibney juge que cette opération est « probablement le plan de cyber-guerre le plus vaste et le plus complexe jamais créé par les États-Unis ». En tout cas, de celles qui sont connues.
Ce n’est pas la première fois que l’hypothèse d’une attaque informatique massive contre l’Iran est évoquée. En 2012, des documents israéliens ont laissé entendre que Tel Aviv a aussi mis au point un plan de bataille dont la phase initiale consiste à attaquer l’Iran sur le plan informatique et technologique. Il n’est en revanche pas dit que ce plan, s’il existe bien, ait été mis au point en concertation avec celui des USA.
Les vers Stuxnet, Flame, DuQu
Les deux pays ont toutefois coopéré — même s’ils ne l’admettent pas officiellement — dans le cadre de l’opération Jeux Olympiques, dans les années 2010, Israël avec l’unité 8200, les USA avec la NSA et la CIA. Objectif ? Dégrader les centrifugeuses utilisées par l’Iran pour son programme nucléaire, afin de ralentir son avancée, en utilisant des logiciels malveillants (Stuxnet, Flame, DuQu) extrêmement sophistiqués.
Le documentaire, dont le nom fait référence aux vulnérabilités « zero days », qui sont des failles n’ayant fait l’objet d’aucune publication ou n’ayant aucun correctif connu, montre ainsi l’importance sans cesse plus importante que prend le domaine informatique dans la défense et la politique des USA. Preuve en est avec la création d’un sous-commandement dédié en 2010, le United States Cyber Command.
Zero Days a été tourné par Alex Gibney, oscarisé en 2008 pour Un taxi pour l’enfer, un film documentaire qui traite du meurtre d’un jeune chauffeur de taxi afghan par des militaires américains en 2002, alors qu’il était détenu dans une base aérienne. Parmi les autres documentaires à retenir figurent ceux sur la société Enron, la secte de la scientologie et le site de lanceur d’alerte Wikileaks.
Le métrage est projeté pendant la Berlinale, qui a lieu du 11 au 21 février.
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