Des paroles aux actes. Meta, la maison mère de Facebook, Instagram, Threads et WhatsApp, a annoncé le 1er août 2023 que les médias sont en train d’être progressivement bloqués dans son écosystème, lorsque les internautes les consultent depuis le Canada. La décision frappe aussi bien les éditeurs canadiens que la presse étrangère.
Dans son dernier point de situation, le groupe dit avoir « commencé à mettre fin à l’accès aux nouvelles au Canada. Ces changements entrent en vigueur ce jour et seront mis en œuvre pour tous les utilisateurs accédant à Facebook et Instagram au Canada au cours des prochaines semaines ». Ceci afin de se « conformer à la loi sur les nouvelles en ligne ».
Cette décision est tout sauf une surprise : voilà des semaines que l’entreprise fondée par Mark Zuckerberg mettait en garde le gouvernement et le législateur sur la survenue d’un tel scénario, si cette législation que combat Meta n’était pas au minimum assouplie. Celle-ci oblige les entreprises technologiques à payer les éditeurs de presse pour la reprise de leur contenu.
Le Canada choisit ses lois, Meta son modèle d’affaires
Si le Canada a toute latitude pour voter les lois que le pays juge nécessaires, Meta considère également avoir le droit de déterminer la façon de s’y conformer : soit en l’appliquant à la lettre, et donc en maintenant son activité comme si de rien n’était, soit en fermant l’activité visée par le texte de loi. C’est une option plus radicale, mais tout aussi admissible.
Meta prend d’ailleurs à témoin le gouvernement du Canada, en citant Pablo Rodriguez, le ministre du Patrimoine canadien. « Comme [il] l’a dit, la manière dont nous choisissons de nous conformer à la loi constitue une décision d’affaires, et nous avons fait notre choix. » Mais, on l’imagine, Ottawa comme les éditeurs de presse auraient sans doute préféré voir l’autre scénario advenir.
Aujourd’hui, la mesure de blocage concerne les actualités circulant sur Instagram et sur Facebook, mais uniquement pour les internautes basés au Canada. WhatsApp n’est pas concerné (il s’agit d’une messagerie instantanée dont le contenu n’est ni vu ni contrôlé par la société). Quant à Threads, le Twitter-like de Meta, il n’est pas à ce jour mentionné.
Ironie du sort : cette loi était demandée par les médias canadiens, qui considèrent qu’une partie de la valeur des actualités qu’ils proposent est en fait captée par les géants du net. Ils estiment qu’il faut donc contrebalancer cette situation avec un dispositif dédié. En clair, amener ces grands groupes du numérique à verser de l’argent à la presse.
C’est, en l’état, une défaite pour les médias. Non seulement ils ne décrochent pas le fléchage de financement qu’ils désiraient, mais en plus, ils perdent leur visibilité sur les réseaux sociaux de Meta, qui sont une source de trafic non négligeable. Cela ne va pas s’arrêter là : Google aussi est sur la même ligne. Tous les médias canadiens doivent être éjectés de son écosystème d’ici fin 2023.
Il n’est pas injustifié, compte tenu du rôle que joue la presse dans une démocratie, de réfléchir à divers mécanismes de soutien pour qu’elle puisse continuer à exister, alors que le secteur traverse une crise face au numérique. Y compris en demandant aux poids lourds du net de participer, compte tenu de leur place dans la distribution de l’actualité sur le net. Mais, la loi canadienne s’avère être surtout contestée pour être franchement bancale.
Il y a une part de pression et de résistance de la part de sociétés comme Google et Facebook, qui cherchent sans surprise à préserver leurs intérêts. Mais, cela ne veut pas dire que tout accord est impossible en la matière. Des textes similaires ont été adoptés dans l’Union européenne et en Australie, qui ont ensuite donné lieu à des deals spécifiques, par exemple avec l’AFP.
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