Que faire lorsqu’un internaute télécharge involontairement du contenu pédopornographique sur son disque dur ? Est-il condamnable au même titre qu’un pédophile ? Doit-on apporter une réponse différente que la simple peine de prison ? Avec la multiplicité des fichiers truqués ou mal nommés sur les réseaux P2P, le risque est non-négligeable pour les internautes.

Il n’est évidemment pas question ici, sur Numerama, de laisser croire que la pornographie infantile n’est pas un grave problème. Nous pensons fermement que ce fléau doit être traité avec une grande sévérité et que les individus concernés doivent bénéficier de soins pour les sortir de cette spirale. Cependant, si la lutte contre la pédopornographie est un nécessaire combat, encore faut-il qu’il soit mené avec intelligence.

Or, certains faits divers peuvent laisser penser que la législation luttant contre la pornographie enfantine vise parfois la mauvaise cible. En effet, Slashdot rapporte dans un article publié ce week-end l’histoire d’un homme qui effectuait il y a deux ans des recherches sur Limewire afin de dénicher du contenu pornographique légal (College Girls Gone Wild). Or, durant sa prospection en ligne, l’individu a accidentellement téléchargé des fichiers représentant des mineurs et tombant très clairement sous le coup de la loi.

°videmment, en ouvrant les éléments téléchargés, l’homme a immédiatement supprimé l’ensemble des fichiers téléchargés. Un an plus tard, lorsque des enquêteurs du FBI se sont présentés à son domicile pour contrôler le contenu de son disque dur, ils ont effectivement trouvé quelques images grâce à une technique d’inspection, mais ont concédé que l’internaute n’aurait pas pu accéder seul à ces fichiers.

Accusé de détenir des images pornographiques représentant des mineurs, le jeune homme risquait 20 ans de prison. Pour obtenir une peine plus courte, son avocat l’a incité à plaider coupable. Ainsi, il est resté trois ans et demi en prison, assorti de 10 ans de probation et l’inscription définitive de son nom sur la liste des délinquants sexuels. Tout ceci pour un téléchargement involontaire.

Selon le FBI, lorsqu’un tel évènement survient, l’internaute doit immédiatement appeler les autorités. Le risque est la confiscation de l’ordinateur, mais selon les fédéraux, c’est une meilleure alternative qu’un procès avec à la clé une longue peine de prison.

Jusqu’à présent, les hommes politiques semblent placer toute leur confiance dans des systèmes de filtrage, au lieu de déployer un maximum de moyens pour s’occuper du problème à la source. Il serait bien plus efficace de s’attaquer aux producteurs de ce type de contenus, ainsi qu’aux distributeurs, plutôt que de chercher à filtrer au niveau de l’utilisateur final. Au risque de voir des internautes condamnés manifestement à tort. Un système qui d’ailleurs ne reçoit pas le soutien des associations de protection de l’enfance…

Nul doute qu’une aide psychologique serait plus appropriée qu’une peine de prison, surtout pour un internaute ayant téléchargé par inadvertance ce genre de fichiers. Dans cette affaire où l’internaute ne recherchait absolument pas ce type de contenu, il est vraiment dommageable de le voir être accusé et forcé de plaider coupable. Les efforts pour lutter contre la pornographie enfantine ne devraient pas être aveugles.

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