Qu’il semble loin le temps des Napster et autres KaZaA. Pourtant, si ces clients peer-to-peer sont aujourd’hui révolus, ils ont été le déclencheur d’une décennie d’échange entre internautes. Mais si ces services ont participé à l’essor du P2P, leur impact aurait été moindre sans le concours de technologies très spécifiques. Et ces dernières ont dix ans.

Le peer-to-peer a dix ans. En effet, 2009 aura été l’occasion de revenir sur l' »anniversaire » de Napster, premier véritable service dédié à l’échange de fichiers musicaux entre internautes. Si le programme n’a pas duré bien longtemps, de juin 1999 et juillet 2001, il aura néanmoins contribué à la naissance d’un mouvement global sur Internet : le partage de contenus sans limites. Toutefois, si Napster a été le premier à défier l’industrie culturelle en facilitant la diffusion des chansons au format MP3, le phénomène du P2P n’aurait sans doute pas été le même sans le soutien d’autres technologies nées à la même époque.

Le premier outil fut le fameux logiciel de déchiffrement DeCSS. Conçu vraisemblablement par le fameux Jon Lech Johansen, bien que celui-ci le conteste, le programme permettait d’outrepasser le brouillage de contenu CSS (Content Scrambling System) installé sur les DVD commerciaux. Or, en diffusant publiquement le DeCSS, le Norvégien, aussi connu sous le pseudonyme DVD Jon, a d’un certain point de vue donné le top départ d’une décennie de lutte contre les mesures techniques de protection.

En plus, en s’attaquant à ce DRM spécifique, DVD Jon allait complètement libérer les DVD, au moment même où ce format vidéo numérique était en train de conquérir la planète entière. Avec le DeCSS, des millions de DVD allaient se retrouver sans la moindre protection, une aubaine pour les internautes férus de téléchargement. De ce point de vue, le DeCSS a au moins autant contribué à l’explosion du P2P que Napster.

°videmment, sa participation (de près ou de loin) a causé quelques ennuis judiciaires à Jon Lech Johansen. Entre 2002 et 2004, le Norvégien fit face à plusieurs plaintes de la MPAA et du DVD Copy Control Association. Accusé d’avoir conçu le logiciel, DVD Jon nia avoir développé le code du programme. Défendu par l’Electronic Frontier Foundation, il plaida donc non-coupable et à chaque fois, la justice norvégienne l’acquitta.

L’autre technologie qui aura soutenu largement le peer-to-peer fut la compression. En effet, si le MP3 était le format idéal pour transférer rapidement de la musique avec des connexions bas-débit, il fallait trouver un moyen de compresser les films tirés des DVD commerciaux. Ainsi, l’arrivée des codecs DivX et Xvid, son pendant open source, a été salutaire pour gagner énormément de place, à une époque où les débits étaient particulièrement faibles.

Depuis cette époque, le peer-to-peer s’est progressivement décentralisé, se renforçant ironiquement à mesure que les ayants droit s’attaquaient à cette technologie. Parallèlement à cette évolution, avec l’augmentation progressive des débits Internet, les formats audio et vidéo se sont diversifiés, notamment ceux moins destructeurs que le MP3 et le DivX.

Si ces technologies sont en perte de vitesse chez les puristes, il est clair que la combinaison de ces différents éléments a lancé un phénomène de masse qui perdure encore aujourd’hui et dont l’ampleur ne cesse de croitre, même s’il arbore des formes différentes, comme le streaming ou le téléchargement direct.

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