Déception chez les ayants droit britanniques. Malgré l’existence d’une pléthore d’offres légales, malgré l’explosion des services musicaux en streaming et surtout malgré l’arrivée prochaine d’une loi sur l’économie numérique particulièrement dangereuse, le niveau du piratage au Royaume-Uni n’a pas bougé d’un iota. En effet, selon une enquête menée par la BPI (British Phonographic Industry), un consommateur sur trois continue de s’approvisionner sur des sites proposant du contenu piraté.
L’association chargée de défendre les intérêts de l’industrie britannique du disque a publié un sondage en ligne, interrogeant plus de 3 000 personnes âgées de 16 à 54 ans. Questionnés sur la façon dont ils consommeront de la musique dans les prochains mois, les sondés adeptes du téléchargement illégal ont répondu qu’ils n’avaient pas l’intention de s’arrêter. Cela pourrait même être l’inverse, avec une augmentation de leurs activités illégales dans les prochaines semaines. Ce qui va changer en revanche, c’est la façon de récupérer des contenus.
L’étude montre en effet une augmentation des solutions alternatives au peer-to-peer, comme le téléchargement direct depuis des serveurs (RapidShare ou MegaUpload par exemple). Si BitTorrent reste stable, à en croire le document produit par la BPI, on se dirige finalement vers une diversification des moyens de piratage. Sans surprise, le patron de la British Phonographic Industry, Geoff Taylor, a estimé que les conclusions du rapport étaient « troublantes« .
« Il y a désormais plus de 35 sites légaux dédiés à la musique au Royaume-Uni, offrant aux passionnés un choix particulièrement vaste pour obtenir de la musique légalement » a rappelé Geoff Taylor. « C’est incompréhensible de voir le niveau des échanges illégaux via P2P rester assez haut, malgré la multiplication des mesures pour régler ce problème. »
« Il est vital que ces mesures entrent en vigueur le plus rapidement possible. La croissance des autres méthodes de piratage (en dehors du P2P) est une autre préoccupation, mettant en évidence l’importance d’intégrer un mécanisme dans le projet de loi sur l’économie numérique pour faire face aux nouvelles menaces autres que le peer-to-peer« .
Et pourtant, comme le rappelle la BBC, malgré ce haut niveau de piratage, l’association interprofessionnelle a annoncé en octobre dernier vivre une véritable « ère du single numérique« . Manifestement, les chiffres pour l’année 2009 ont été particulièrement bons, puisque 117 millions de CD ont été écoulés. 98,6 % ont été acquis sous format numérique. Néanmoins, la BPI considère qu’il y a toujours plus d’un milliard de téléchargement illicite chaque année au Royaume-Uni.
Un nombre impressionnant, mais la BPI nous a déjà habitué àune certaine imprécision avec les chiffres. On se souvient en particulier de la difficulté qu’ont eu les ayants droit à chiffrer le nombre de pirates en Grande-Bretagne, les données variant de quatre à sept millions. Ces écarts, particulièrement importants, sont un vrai problème, d’autant que le gouvernement essaie de s’appuyer dessus pour justifier sa politique répressive en matière d’Internet.
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