Interrogé par Le Monde, Francis Ford Coppola tient un discours très original sur la meilleure manière de lutter contre le piratage, et donc de le concurrencer. Pour lui, il faut revenir aux sources du cinéma, et profiter de l’évolution des technologies pour offrir davantage d’interactivité mélangé à une sorte de cinéma vivant.
« On ne peut pas combattre le piratage. Les majors s’engouffrent dans la 3D, mais c’est illusoire« , prévient d’abord celui qui a toujours souhaité resté indépendant à Hollywood. « Pirater c’est mal, bien sûr. Mais condamner des gamins parce qu’ils s’échangent des fichiers de films est une aberration. Ce n’est pas du piratage ! Vous n’allez pas les forcer à payer 20 dollars un DVD ! C’est complètement idiot…« .
Coppola va plus loin dans sa réflexion que Luc Besson, qui s’est dit lui aussi circonspect sur les bénéfices de la 3D pour lutter contre le piratage, mais qui voit toujours le cinéma comme un film. Pour le réalisateur du Parrain, le cinéma doit entamer une mue artistique. « Quand le cinéma est né, sa valeur tenait au fait qu’il reproduisait techniquement le mouvement. Voir une locomotive avancer dans une pièce c’était fou !« , rappelle-t-il. « Aujourd’hui ce qui est excitant c’est de voir Mick Jagger ou Foolish Wives de Stroheim avec un orchestre dans la salle. Ou le Napoléon d’Abel Gance sur trois écrans, avec un chef d’orchestre, comme lorsque mon père en avait fait la musique… Tout le monde voulait y aller !« .
Filant la métaphore du chef d’orchestre, Coppola aimerait que le réalisateur puisse jouer avec les fichiers numériques des prises de vues pour réorganiser le film « différemment à chaque projection, ce qui est un bon moyen de lutter contre le téléchargement« . « Le cinéma est devenu malléable« , se réjouit-il.
Et puis, « à la sortie du show, vous pouvez distribuer les DVD gratuitement, ou bien les vendre. Les gens seront contents d’en acheter, pour avoir un souvenir, ou pour offrir à un ami« .
« Le cinéma vient du théâtre. Je pense qu’il est prêt à devenir un art vivant« .
Récemment, lors d’une discussion avec Joseph Paris, l’acteur-réalisateur et producteur de cinéma libre avec son studio Kassandre nous avait fait part de son projet de faire jouer la bande son de son dernier film en live par des musiciens lors de sa projection. On ne sait pas si ça a été le cas pour l’avant-première de Printemps Soluble à laquelle nous n’avons pas pu assister, mais l’idée de joindre le cinéma mécanique à l’art vivant pour attirer les spectateurs dans les salles est clairement dans l’air.
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