Alors que Google, Facebook, WhatsApp, ou Twitter ont tous apporté leur soutien à Apple dans la bataille que la firme de Cupertino livre contre le FBI, voici une voix dissonante. Et pas n’importe laquelle. Interrogé par le Financial Times, le fondateur et ancien président de Microsoft Bill Gates a décidé de prendre le contre-pied de la Silicon Valley.
Bill Gates estime qu’Apple devrait accepter de fournir au FBI un outil qui lui permettrait de modifier le firmware de l’iPhone 5C de l’auteur de la tuerie de San Bernardino, pour accéder aux données stockées sur le téléphone. « C’est un cas spécifique dans lequel le gouvernement demande à accéder à des informations. Ils ne demandent pas quelque chose de générique, ils demandent pour un cas bien particulier », proteste l’homme d’affaires, qui reprend là l’argument principal du FBI et du gouvernement américain.
L’outil demandé doit permettre de désactiver la sécurité qui fait qu’après 10 tentatives infructueuses de saisies d’un code PIN sur l’iPhone 5C bloqué, le contenu chiffré du téléphone est effacé. Selon Apple, il ne serait pas possible de réaliser un tel outil pour qu’il fonctionne exclusivement avec l’iPhone du suspect de San Bernardino, ou il ne serait plus possible de refuser de le fournir pour d’autres affaires moins graves, ou dans d’autres pays jugés moins démocratiques que les États-Unis. Le refus est une affaire de principe, que le président d’Apple Tim Cook a encore expliqué lundi à ses employés.
Une différence de culture entre Microsoft et Apple
Bill Gates ne goûte pas l’argument, et fait une comparaison douteuse avec la saisie de données bancaires dans le cadre d’enquêtes financières. « Disons qu’une banque a attaché un ruban autour du disque dur [à saisir] et dise ”ne me faites pas couper ce ruban parce que vous allez me le faire couper de nombreuses fois” », illustre-t-il. Pour lui, l’argument ne tient pas. Sauf qu’en l’espèce, il s’agit de fournir aux autorités un ciseau spécial qui peut couper l’ensemble des rubans sans le contrôle de la banque.
C’est toute la différence entre une entreprise qui veut porter des valeurs, Apple, et une autre, Microsoft, qui voit ses intérêts commerciaux avec beaucoup plus de pragmatisme et de compromis. Ce n’est pas nouveau.
« Le seul problème avec Microsoft, c’est qu’ils n’ont juste aucun goût. Ils n’ont absolument aucun goût », avait un jour critiqué Steve Jobs, qui voyait Microsoft comme une machine froide, sans âme. « Et je ne ne dis pas ça comme si c’était un détail, je pense que c’est très important, dans le sens qu’ils ne pensent pas à des idées originales, et ils n’apportent pas beaucoup de culture dans leurs produits ». À l’époque il s’agissait de critiquer le design des produits, mais Steve Jobs pourrait reprendre sensiblement le même discours aujourd’hui s’il s’agissait de dénoncer le manque de valeurs de Microsoft.
Service minimum chez Microsoft
Contrairement à plusieurs de ses homologues, Microsoft n’a pas communiqué en son nom propre dans l’affaire FBI / Apple. L’entreprise de Redmond a simplement publié un tweet, discret, par l’intermédiaire de son directeur juridique Brad Smith, qui renvoie à un communiqué du consortium Reform Government Surveillance (RGS), dont Microsoft est membre fondateur.
« Les entreprises technologiques ne devraient pas se voir contraintes de construire des backdoors dans leurs technologies qui aident à sécuriser les informations de leurs utilisateurs », écrivait le RGS. Le groupement ne dit toutefois pas explicitement qu’il considère que la requête du FBI revient en l’espèce à exiger un backdoor, comme l’affirme Tim Cook. « Les entreprises de RGS demeurent attachées à fournir aux autorités judiciaires l’aide dont elles ont besoin, tout en protégeant la sécurité de leurs clients et des informations de leurs clients ».
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