Alors que la Commission des lois examine déjà les deux documents (document 1 (.pdf) et document 2 (.pdf)) regroupant l’ensemble des amendements portant sur le projet de loi Loppsi (Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure), la Quadrature du Net a publié un communiqué de presse très critique à l’égard de Brice Hortefeux, l’actuel ministre de l’Intérieur.
Si l’initiative citoyenne ne remet absolument pas en cause la nécessaire et légitime lutte contre la pédo-pornographie sur Internet, elle rappelle cependant que les outils envisagés pour y parvenir sont d’une inefficacité flagrante, que ce soit en France ou à l’étranger, comme chez nos voisins Allemands qui ont abandonné cette idée. Pire encore, les groupes de protection de l’enfance considèrent également que le procédé est coûteux, dangereux, anti-démocratique et surtout complètement inefficace.
Alors pourquoi un tel entêtement gouvernemental ? Pour la Quadrature du Net, il est évident que le projet de loi Loppsi a d’autres visées que la simple lutte contre la pédo-pornographie. D’ailleurs, Nicolas Sarkozy n’avait-il pas déclaré (déclaration (.pdf)) lors de ses voeux à l’industrie culturelle le 7 janvier dernier que « plus on pourra dépolluer automatiquement les réseaux et les serveurs de toutes les sources de piratage, moins in sera nécessaire de recourir à des mesures pesant sur les internautes. […] Il faut donc expérimenter sans délai les dispositifs de filtrage » ?
« Impossible de croire Brice Hortefeux quand il explique que la censure du Net ne concernera que les contenus pédo-pornographiques, sachant que les industries du divertissement pro-HADOPI, proches du pouvoir, la demandent également au niveau mondial pour mieux faire la guerre à leurs clients. D’ailleurs Nicolas Sarkozy a lui même parlé de filtrer « les sites pédo-pornographiques et illégaux » (discours (.pdf)) ce qui prouve bien son intention » souligne Jérémie Zimmermann, le porte-parole.
En d’autres termes, la pédo-pornographie ne serait qu’un prétexte auquel personne ne peut décemment s’opposer. Ou presque. Car si le filtrage servira vraisemblablement à la lutte contre les fichiers pédo-pornographiques, il servira aussi à bloquer à d’autres contenus. Même si l’étude d’impact n’est absolument pas concluant.
En réalité, seul le traitement à la source peut véritablement remédier au problème de la pédo-pornographie, en retirant les fichiers incriminés sur les serveurs ou en arrêtant les individus qui diffusent ou produisent ces contenus. Il se rait illusoire de croire que la pédo-pornographie s’arrêtera grâce à la Loppsi ou parce que le net aura été censuré. Elle s’adaptera aux filtres et utilisera de nouveaux vecteurs de diffusion.
Mais encore faut-il sortir de ce cercle de peur et d’instrumentalisation autour de la pédo-pornographie pour en prendre conscience et traiter le problème différemment… et efficacement.
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