Apple peut compter sur un soutien de plus dans son combat judiciaire et médiatique contre le FBI. En effet, l’entreprise américaine, qui a déjà reçu des témoignages de sympathie venant des dirigeants de Google, WhatsApp, Mozilla, Facebook et Twitter, est maintenant épaulée par Snapchat.
La célèbre application de partage de photos et de vidéos vient en effet de produire un mémoire juridique à destination de la justice américaine afin de soutenir la défense de la firme de Cupertino, qui pourrait être amenée à devoir développer un logiciel contournant certains mécanismes de protection d’un modèle d’iPhone.
Le FBI a en effet engagé une action en justice contre Apple afin de pouvoir accéder aux données contenues dans l’iPhone 5c utilisé par un terroriste qui a participé à la fusillade de San Bernardino. La police fédérale, qui a gagné en première instance, souhaite en somme que l’entreprise pirate elle-même le téléphone pour obtenir des informations auxquelles elle n’est pas censée pouvoir accéder.
Le problème qui se pose au FBI est le suivant : le terroriste a activé sur son smartphone la fonctionnalité de sécurité d’iOS qui fait qu’après dix saisies erronées de codes PIN, le contenu du téléphone est automatiquement effacé. La police américaine demande en fait que cette sécurité soit neutralisée — et non pas le verrouillage du téléphone en tant que tel — afin de pouvoir travailler sereinement.
Le FBI veut empêcher l’effacement par erreur du contenu du téléphone.
Pour cela, il faudrait qu’Apple modifie le fonctionnement du système d’exploitation de l’iPhone 5c, à savoir iOS, de façon à ce que le FBI puisse opérer par force brute (c’est-à-dire en essayant un maximum de combinaisons) pour trouver le bon mot de passe et ainsi gagner l’accès au contenu en clair du téléphone.
Pour Snapchat, c’est là que se trouve le point central du problème justifiant de s’opposer à la demande du FBI : la question qui est posée n’est pas de savoir s’il faut qu’Apple coopère ou non avec les autorités. L’entreprise américaine le fait, lorsque la procédure judiciaire est respectée, tout comme Snapchat d’ailleurs. Il s’agit de savoir si une société doit être forcée à saboter ses propres produits.
« Il y a une énorme différence entre le fait de donner au gouvernement les informations que nous avons et être forcé à modifier nos produits pour autoriser un accès que personne n’a actuellement. Si un juge peut forcer Apple à créer une porte dérobée dans son téléphone, un autre pourrait aussi nous contraindre à forcer nos propres protections de données », écrit le fondateur de Snapchat.
L’autre aspect qui dérange Evan Spiegel est le fait que le FBI se repose sur une loi antédiluvienne, l’All Writs Act. Adoptée quelques années après l’indépendance des États-Unis, en 1789, elle dispose que les tribunaux de l’État fédéral peuvent « émettre toutes les ordonnances nécessaires ou appropriées à l’appui de leurs juridictions respectives et conformément aux usages et aux principes du droit ».
Il considère que le texte ne pouvait pas anticiper la manière dont les téléphones, les progrès technologiques allaient évoluer et donner lieu à des problématiques comme la surveillance électronique généralisée à l’heure du tout numérique. Dit autrement, Evan Spiegel explique que ce que permet de faire l’All Writs Act n’est plus tout à fait adapté à notre époque contemporaine.
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