Selon une étude conjointe du laboratoire M@rsoin et de l’Université de Rennes, le piratage aurait augmenté après la promulgation de la loi Hadopi. Si la part des utilisateurs des réseaux P2P a baissé, le nombre des utilisateurs des techniques de piratage ignorées par l’Hadopi aurait au contraire augmenté.

Et si la loi Hadopi avait l’effet inverse de celui espéré ? Trois chercheurs de l’Université de Rennes et du laboratoire de recherche M@rsoin qui avaient déjà conclu en 2008 que les P2Pistes étaient les plus gros acheteurs de DVD ont dressé un premier bilan précoce de l’impact de la loi Hadopi sur les pratiques des internautes en matière de piratage. Leur étude (.pdf) se base sur le questionnement de « 2000 individus représentatifs de la population de la Région Bretagne », interrogés par téléphone du 16 novembre au 23 décembre 2009. Soit environ 3 mois après la promulgation de la loi Hadopi 2.

Pour les besoins de cette étude, Sylvain Dejean, Thierry Pénard et Raphaël Suire distinguent trois catégories d’internautes : les « pirates Hadopi » qui utilisent les réseaux P2P exclusivement visés par la Haute Autorité ; les « pirates non-Hadopi » qui utilisent toutes les autres techniques d’accès illicites aux contenus qui ne peuvent pas être réprimées par la Hadopi (le streaming, le téléchargement sur serveur distant, les newsgroups, l’utilisation d’un VPN…) ; et les « non pirates » qui déclarent écouter de la musique ou regarder des films par Internet mais ne rien faire illégalement.

La promotion de « non pirates » est d’ailleurs particulièrement élevée, puisque « seuls 30% des consommateurs de vidéos et de musique en ligne déclarent avoir des comportements de piratage numérique« . Tout le problème de ce genre d’étude est de savoir si la personne qui répond aux questions par téléphone le fait de manière totalement libérée, ou en ayant peur de dévoiler ses pratiques illicites à un inconnu, même s’il lui promet l’anonymat.

Cependant, les conclusions restent intéressantes. « Parmi ceux qui ont cessé de télécharger dans les réseaux peer-to-peer (après l’adoption de la loi Hadopi), seulement un tiers a renoncé à toute forme de piratage numérique, alors que les deux tiers restant se sont tournés vers des pratiques alternatives de piratage échappant à la loi Hadopi comme le streaming illégal (Allostreaming…) ou le téléchargement sur des sites d’hébergements de fichiers (Megaupload, Rapidshare)« , indiquent ainsi les chercheurs. « La réduction du nombre d’internautes qui utilisent les réseaux peer-to-peer s’est donc accompagnée d’une hausse des autres formes de piratage non prises en compte par la loi Hadopi (+27%)« .

Pire nouvelle pour les ayants droit et le gouvernement, « cet accroissement fait plus que compenser la diminution du nombre d’utilisateurs des réseaux Peer-to-Peer« , puisque au global la part des pirates parmi les consommateurs de vidéos et de musique en ligne a augmenté, la loi Hadopi ayant en quelque sorte fait la promotion de certaines pratiques jusque là méconnues.

Mais ça pourrait en fait être une bonne nouvelle. Car là encore, les chercheurs assurent que les pirates sont les meilleurs consommateurs de biens culturels. Alors que 17 % seulement des « non pirates » disent acheter de la musique ou des films sur Internet, ils sont 47 % chez les P2Pistes et 36 % chez ceux qui utilisent des techniques non couvertes par l’Hadopi.

Aussi, « supprimer l’accès Internet à ces pirates risque de réduire sensiblement la taille du marché des biens culturels numériques« , concluent en toute logique les trois chercheurs, qui concèdent néanmoins qu’il faudra attendre que les premiers avertissements aient été envoyés pour voir l’impact réel de l’Hadopi sur les comportements des internautes.

A condition que ces avertissements partent un jour, ce qui n’est pas du tout garanti.

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